La République tchèque lance une coopération régionale en dehors du groupe de Visegrád
Trois Premiers ministres centre européens se sont réunis, ce jeudi, à Slavkov u Brna, en Moravie, 209 ans après la « bataille des Trois Empereurs » qui s’est déroulée sur ce -même lieu. A l’occasion de la première d’une série des rencontres, les politiciens ont notamment convenus de coopérer dans les dossiers relatifs à la livraison du gaz russe ou concernant les sanctions à l’égard de Moscou en raison du conflit en Ukraine.
« Nous nous sommes réunis au titre des chefs de gouvernement des pays fortement interconnectés dans les domaines politique, économique et humain. Nous signons ici la Déclaration de Slavkov, un document qui scelle notre détermination à coopérer davantage. Nous nous sommes mis d’accord de nous retrouver une fois par an afin de renforcer la coopération entre voisins. »
La gestion plus efficace de l’argent provenant des fonds européens, l’amélioration des infrastructures du transport et le soutien à l’intégration des jeunes au marché du travail, tels sont les thèmes qui figurent sur l’agenda des trois pays. Le Chancelier fédéral Werner Faymann a insisté sur l’importance de réaliser des projets concrets dans ces domaines. Bohuslav Sobotka a ajouté :
« Nous voulons également œuvrer pour le renforcement de la dimension sociale de l’intégration européenne. L’Europe doit investir dans le soutien à l’emploi et garantir les standards sociaux. Dans le cadre du marché unique européen, il faut assurer la protection des droits des travailleurs. »
L’interprétation de la notion de la protection des droits des travailleurs n’inclut probablement pas la question de la hausse du salaire des chauffeurs tchèques de transit, une question abordée par un autre pays voisin. A partir du mois de janvier, l’Allemagne a mis en place un salaire minimum fixé à 8,50 euros brut de l’heure et a demandé à ce que cette somme soit également octroyée aux chauffeurs tchèques qui passent par son territoire. Le ministère tchèque de l’Industrie et du Commerce, portefeuille du social-démocrate Jan Mládek, a rapidement refusé cette demande comme étant contraire au droit européen.
Bohuslav Sobotka, Robert Fico et Werner Faymann ont également trouvé une voix commune en rapport avec la situation en Ukraine, lorsqu’ils ont appelé à la réalisation du plan de paix de Minsk. Lle Chancelier fédéral a qualifié le renforcement des sanctions contre la Russie comme étant une « solution d’urgence ». Cette entente vis-à-vis du dossier ukrainien serait sans doute rompue si d’autres dirigeants de l’espace centre européen avaient été invités. Néanmoins les raisons pour court-circuiter le groupe de Visegrád et pour ne pas s’appuyer sur une nouvelle coopération, Visegrád Plus, lancée au mois de décembre dernier à Prague avec l’Autriche et la Slovénie, restent opaques. La déclaration de Robert Fico n’a pas entièrement clarifié la chose :
« Le groupe de Visegrád représente pour nous la plate-forme de coopération régionale la plus efficace et la plus dynamique. La rencontre de ce jeudi a montré que les Etats du Visegrád peuvent bénéficier de la coopération avec les pays qui ne font pas partie du groupe mais qui sont nos partenaires naturels, comme l’Autriche l’est pour la République tchèque ou la Slovaquie. La problématique de la livraison du gaz est cruciale, afin que chaque Etat se sente en sécurité en Europe centrale. Nous chercherons à concilier nos intérêts régionaux avec nos intérêts particuliers. Nous sommes tous les trois issus de la même famille politique et c’est pourquoi il faut communiquer de manière d’autant plus intense. J’apprécie beaucoup la discussion que nous avons eue sur l’Ukraine, sur notre attitude vis-à-vis des sanctions et ce que nous pourrions proposer dans ce domaine. »L’avenir et l’intensité de la coopération entre la République tchèque, la Slovaquie et l’Autriche apporteront plus d’éléments de réponse à la question si ces réunions ne représentent pas une alternative au groupe de Visegrád, traversé par des regards divergents sur le dossier ukrainien.