La révocation du directeur du Théâtre national a suscité un tollé de protestations des acteurs
L'imbroglio continue à la première scène du pays, le Théâtre national de Prague. Des membres de la troupe dramatique ont adressé une lettre ouverte au ministre de la Culture, Martin Stepanek, l'invitant à rendre public le résultat de l'audit sur la base duquel il a limogé sur l'heure le directeur du théâtre, Daniel Dvorak, scénographe renommé qui le dirigeait pendant quatre ans.
« La rapidité avec laquelle vous avez, sitôt après votre entrée en fonction, renvoyé le directeur du Théâtre national suscite des doutes laissant entendre que vous ayez agi avec partialité... Il ressort des propos faits à la TV tchèque par Jan Mrzena, administrateur intérimaire que vous avez nommé à sa place, que sa nomination avait été décidée la première journée de votre entrée en fonction. On se demande si vous avez eu le temps d'étudier l'audit qualifié par vous de secret et sur la base duquel votre décision a été prise... »
Voilà un extrait de la lettre ouverte que la direction de la troupe dramatique, ainsi que de nombreux acteurs et membres du ballet, ont adressé au ministre de la Culture. « On a recouru à cette forme d'appel après une rencontre, lundi dernier, au cours de laquelle, le ministre n'a pas su nous donner des explications suffisantes, » dit Petr Zuska, chef du ballet du théâtre national. A ce jour, le ministre a laissé sans réponse la lettre des acteurs, en se limitant à répéter ce qu'il avait déjà dit : l'audit contient des données secrètes que la loi interdit de publier.L'affaire est largement commentée par la presse. Certains critiques du directeur révoqué, Daniel Dvorak, écrivent que s'il y a quelque chose sur quoi on devrait s'interroger dans ses activités, si on laisse de côté la reconstruction des toilettes « présidentielles » au théâtre d'un coût astronomique de 870 000 couronnes, ce seraient la situation problématique dans la troupe d'opéra dirigée par Jiri Nekvasil, son ami de longue date. On pourrait aussi s'interroger sur le fait que sur les neuf premières programmées au Théâtre national pour cette année, le directeur Dvorak s'en est adjugé trois.
Ces faits n'ont cependant pas été évoqués par le ministre de la Culture comme raison de la révocation. Ce dernier se limite à répéter que le directeur a été révoqué sur la base de l'audit qui reste, pourtant, un mystère. Les signataires de la lettre demandent à l'unisson qu'au moins des éléments essentiels du document incriminé soient révélés au public. « Indiquer les raisons de cette décision, d'autant plus qu'il s'agit du chef de la première scène du pays, fait partie de la démocratie, » estime la comédienne Iva Janzurova. Selon Richard Krajco, représentant de la jeune génération au théâtre, on oublie l'électeur et cela fait penser à un règlement de compte, ce qui n'a pas de place dans la culture politique.