La saint Martin, plus qu’une tradition gastronomique

Saint Martin de Tours

L´oie rôtie et le vin primeur sont deux symboles indissociablement liés à la saint Martin, le 11 novembre, une des fêtes préférées de l’année en République tchèque. Mais la saint Martin n’est pas seulement un rendez-vous gastronomique. Ce jour commémore un évêque modeste, mort en France, patron des soldats, des chevaux, des cavaliers, des oies et des viticulteurs…

Qui était donc saint Martin, né dans l’actuelle Hongrie ? Son personnage est présenté par le sociologue, écrivain et essayiste Jan Jandourek :

« Saint Martin de Tours reste un homme inconnu pour la majorité de gens. Certes, tout le monde connaît le dicton ‘saint Martin arrive sur un cheval blanc’, on connaît l´oie et le vin de la saint Martin, mais en réalité, c’est une figure historique du Moyen-âge chrétien. Soldat, il a été un des premiers hommes proclamé saint sans être martyrisé. Son influence sur l´iconographie de l´art chrétien est indiscutable : il est dépeint comme l´homme au cheval qui tranche son manteau en deux pour le partager avec un déshérité. Célèbre, cet événement s’est passé un soir d’hiver en 355 près de la porte d´entrée de la ville d´Amiens. Rentrant à cheval au camp militaire, Martin rencontre un miséreux qui demande l´aumône. Comme Martin n´avait plus sur lui ni argent ni nourriture, il sort son épée et partage sa cape en deux : la moitié pour lui, l’autre pour le mendiant. »

Suite à un rêve dans lequel le pauvre avait le visage du Christ, Martin se convertit au christianisme. Il quitte l'armée et devient ensuite évêque de Tours. Malgré son statut ecclésiastique, Martin continue à mener sa vie de moine dans une cabane sur les bords de la Loire. Il meurt à l´âge de 81 ans à Candes, près de Tours.

Photo: Archives de Radio Prague
Depuis plusieurs siècles, la saint Martin est une fête conviviale, l’occasion pour les villageois de se rassembler autour d´un bon repas arrosé du vin dit de la saint Martin, le premier vin issu des vendanges de l’automne. Cette coutume marque la fin des travaux agricoles, comme l’explique Martin C. Putna, historien de littérature :

« La fête de la saint Martin tombe le 11 novembre. C´est un jour qui possède une longue tradition dans toute la culture européenne, notamment dans la culture populaire, dans le folklore. C’était le 11 novembre qu’on licenciait les garçons de ferme, le 11 novembre on savourait l’oie de saint Martin. Les gens célébraient son personnage, le bon évêque et fêtaient l’arrivée prochaine de l´hiver. Bien évidemment, c’était l’occasion de manger abondamment et surtout de prendre un peu de poids en prévision du froid et de l’hiver rigoureux. »

Photo: Archives de Radio Prague
Pourquoi l’oie, et non pas un autre animal domestique, est-elle devenue le plat traditionnel des repas de la saint Martin ? Une légende raconte que les oies perturbaient Martin lors de ses sermons, c’est pourquoi elles purgeraient leur peine sur un plat à rôtir. Selon une autre légende, Martin se serait caché parmi les oies pour éviter d’être nommé évêque, mais les oies l’auraient trahi par leur caquètement.

Les célébrations de la saint Martin persistent aujourd’hui encore. Vous pouvez déguster des mets traditionnels ainsi que du vin de la saint-Martin, dont le principe équivaut à celui du Beaujolais nouveau, par exemple sur la place de Jiřího z Poděbrad à Prague. Un toast solennel y sera porté le 11 novembre à 11 heures 11minutes et 11 secondes.