Le vin de la saint Martin nouveau est arrivé

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Chaque année en République tchèque, le 11 novembre est propice à une tradition qui n’est pas sans rappeler le « beaujolais nouveau » français, le vin de la saint Martin. Retour sur cette tradition viticole tchèque, qui présente cette année des chiffres en berne.

Martin de Tours
Tout commence avec un homme : Martin de Tours, évêque au IVe siècle de notre ère. Il est présenté comme miséricordieux et généreux, la légende racontant par exemple qu’il aurait partagé un soir d’hiver sa cape avec un mendiant, avant de mener une vie modeste malgré son haut rang clérical. Il est le saint patron des soldats, des chevaux, et des cavaliers, mais surtout des oies et des vignerons. Il a été mis au tombeau le 11 novembre 397, un jour important dans le monde chrétien : c’était à cette date que l’on payait la dîme et que les travaux à la ferme prenaient fin, donnant à lieu à d’importantes célébrations où l’on honorait ce personnage, des festivités qui ont perduré jusqu’à nos jours.

Aujourd’hui, le 11 novembre est propice à des dégustations de vin et d’oies…

Un vieux proverbe affirme que Saint-Martin arrive sur son cheval blanc, censé symboliser les premières neiges. A cette occasion effectivement, les Tchèques font le choix du vin et de l’oie, des mets hivernaux qui ont le mérite de réchauffer les cœurs. L’oie rôtie provient directement de la légende de Saint Martin puisque des oies auraient dérangé l’évêque lors de ses sermons.

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Pour ce qui est du vin, le rituel est important : il s’agit d’un vin primeur, semblable au beaujolais français, et ouvert spécialement le 11 novembre à 11 heures. Appellation d’origine protégée depuis 1995, c’est un vin dont la commercialisation est autorisée immédiatement après la vinification. Chaque année c’est donc l’occasion de goûter les nouveaux blancs, rouges, et même rosés de Bohême et surtout de Moravie.

Si les chiffres sont toujours impressionnants, le millésime 2017 est marqué par une probable légère baisse des ventes…

Ces dernières années, les prévisions du nombre de bouteille vendue étaient régulièrement revues à la hausse jusqu’à atteindre le record de 2,3 millions de bouteilles écoulées en 2016. Pourtant cette année, on table plutôt sur la vente de 2,2 millions de bouteilles.

Une légère diminution due aux gels printaniers qui ont frappé les vignes tchèques en avril dernier. Les vignobles de Moravie du Sud ont été particulièrement touchés par ces gels, juste avant de souffrir de la sécheresse estivale. La Fédération nationale des viticulteurs estime ainsi les pertes causée à hauteur de 500 millions de couronnes, presque 19 millions d’euros.

Ces chiffres vont-ils gâcher la fête ?

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Fort heureusement non, les traditionnelles célébrations auront lieu dans la joie et la bonne humeur comme d’habitude. Ce samedi, les dégustations se tiendront sur la place Jiřího z Poděbrad à Prague, sur la place de la Liberté à Brno, à l’hôtel U Pramenů de Plzeň, ou encore dans la rue de l’Université d’Olomouc.

Ne manquez donc pas l’occasion d’aller y faire un tour, pour trinquer avec les Tchèques, acheter une bouteille, ou par simple curiosité. L’évènement est une bonne occasion d’aller à la rencontre de viticulteurs principalement moraves, qui s’efforcent parfois de faire survivre les aspects authentiques d’une fête devenue relativement commerciale.