La Saint-Nicolas tchèque vue par un journaliste d’une radio chrétienne française
Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague ! Notre dernière émission avait été consacrée à la manière dont la fête de la Saint-Nicolas était vécue et célébrée en République tchèque. Pour cette fois, c’est à une émission un peu différente de ce que nous faisons habituellement que nous vous convions puisqu’à l’occasion de la Saint-Nicolas, jeudi dernier, Radio Notre-Dame, principale radio chrétienne en France, diffusait ses émissions depuis la place de la Vieille-ville à Prague. L’occasion en ce temps de l’Avent d’évoquer divers sujets principalement liés à la vie religieuse et spirituelle en République tchèque, mais aussi certaines traditions et fêtes populaires à l’approche de Noël, avec Louis Daufresne, journaliste à Radio Notre-Dame :
Quels étaient les invités de vos émissions et qu’avez découvert en tant que Français ? Quels sont les témoignages qui vous ont marqué, peut-être surpris ?
« D’abord, la première chose, c’est que nos invités, comme Benedikt Tomas Mohelnik, représentant des dominicains en Bohême, un ordre enseignant comme on le sait, et Oldrich Selucky, qui a produit des films d’animation pour enfants notamment sur saint Paul, ne sont pas partis de la même constatation pessimiste que nous, qui sommes partis des chiffres. Les chiffres, c’est que 60 % des Tchèques se disent sans religion, ce qui, même pour un Français, est surprenant. Pour les mêmes sondages en France, on arrive à des chiffres beaucoup moins élevés. En France, 80 % des gens se diront chrétiens même s’ils ne vont pas à la messe. Ici, c’est 60 % dans le sens inverse. Nos invités partent toutefois du principe qu’il faut faire une distinction entre ces chiffres et la réalité intime vécue. Entre le déclaratif et ce que vivent les gens intérieurement, il y une marge. Il y a aussi une marge de progression importante, mais il faut s’intéresser à la qualité de la vie intérieure des gens, à la qualité de l’esprit, de la culture, bref à tout ce qui tire les gens vers le haut et qui ne se lit peut-être pas dans les statistiques. »-Vous avez choisi d’enregistrer vos émissions sur la place de la Vieille-ville, la veille au soir de la Saint-Nicolas, quand les Tchèques célèbrent la fête. On voit beaucoup de Saint-Nicolas dans les rues, sur la place il y a un grand marché de Noël dominé par un immense sapin. Qu’est-ce que toutes ces décorations et animations vous laissent comme impression ?
« Une bonne impression en soi puisque les gens sont somme toute contents de se retrouver, les touristes se mélangent aux nombreux Tchèques qui viennent soit déguisés en diablotins, qui sont plus fréquents, ou en anges. On sent que c’est une journée particulière avec des choses particulières qui se passent, même si avec un regard de Parisien, on n’est pas tellement dépaysés puisqu’on est habitués aux foules de touristes. Mais ce qui est peut-être important, c’est l’idée que la Saint-Nicolas est une chose que l’on ne verra peut-être pas parce qu’on n’a pas l’occasion d’aller au cœur des familles. C’est peut-être un événement qui se passe au foyer, en famille, et c’est là que la transmission se fait. Il y a sans doute une fête extérieurement avec ces marchés, toute cette ambiance sympathique autour et des gens qui sortent. Mais il y a sans doute aussi un aspect peut-être plus convivial encore, plus intime, qui est peut-être plus caractéristique des sociétés de l’Est, c'est-à-dire vivre chez soi, transmettre quelque chose chez soi et peut-être parler de la foi. On peut en tout cas espérer, nous en qualité de radio chrétienne, que ça ne soit pas seulement un vernis social, quelque chose un peu à la surface pour faire comme tout le monde, pour être bien ensemble, ce qui est important, mais que ce soit aussi l’occasion d’aborder des choses plus existentielles. Pourquoi sommes-nous sur Terre ? Pourquoi ces monuments ? Pourquoi ces gens ont fait de si belles choses ? Pour nous transmettre quoi ? A quoi correspond cet héritage ? Le poids de l’Histoire est à Prague très important et il est important de ne pas seulement se promener dans un décor de cinéma. Il faut chercher à savoir pourquoi on est là. La culture s’est enracinée ici dans un héritage intellectuel, peut-être moins dans la foi, mais encore une fois, il est important de savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va. Ces mitres, ces crosses d’évêque, ces cornes de diable, ça rappelle une opposition qui existe finalement depuis le début de l’humanité, et c’est bien de voir une synthèse un jour comme Saint-Nicolas, peut-être de voir l’histoire de notre destinée propre, de notre propre fin. Il y a là juste au-dessus de nous le squelette de l’horloge médiévale qui nous rappelle l’heure. C’est là aussi un symbole très fort. Ce squelette qui nous rappelle l’heure tout le temps, c’est une façon de dire qu’on finira tous comme des squelettes, en poussière. Peut-être donc qu’il y a des choses qui passeront dans l’esprit de ceux qui regarderont et qui se diront que c’est peut-être l’occasion de s’interroger. »
C’était donc Louis Daufresne, journaliste à Radio Notre-Dame. C’est la fin de cette émission, et en attendant de vous retrouver dès la semaine prochaine dans notre format habituel, portez-vous du mieux possible, portez le soleil en vous, salut et à bientôt, zatím ahoj!