La science tchèque pourrait bientôt avoir son ministère

Photo illustrative: Commission européenne

Les scientifiques tchèques doivent souvent surmonter de nombreux obstacles au niveau administratif et pour le financement de leurs recherches. Le système actuel, qui répartit le financement des projets ainsi que les pouvoirs d’évaluation et de contrôle entre quatorze institutions, pourrait prochainement changer avec la volonté du gouvernement de dédier un ministère propre à la recherche et à l’innovation.

Radim Šrám,  photo: ČT24
« En raison d’un double financement, nous avons dû présenter une partie des résultats de notre recherche au ministère de l’Environnement et l’autre partie au ministère de l’Education. »

Le cas de Radim Šrám, chercheur à l’Institut de médicine expérimentale de l’Académie tchèque des sciences, auteur d’une étude sur l’influence de la pollution atmosphérique sur la santé, illustre bien la complexité de l’organisation de la science en République tchèque, une structure souvent inintelligible. L’absence d’une institution unique, qui permettrait de faciliter les règles pour l’administration et pour le soutien des projets scientifiques, est à l’origine d’une proposition déjà ancienne du vice-premier ministre chargé de la recherche et chef du parti chrétien-démocrate KDU-ČSL, Pavel Bělobrádek, visant à créer un nouveau ministère pour la recherche et l’innovation. Bělobrádek précise :

Pavel Bělobrádek,  photo: ČTK
« La centralisation de l’autorité est l’une des recommandations de l’audit international pour l’amélioration de la science en République tchèque. Nous avons réfléchi sur différentes variantes et la création d’un nouveau ministère semble être la plus efficace. Néanmoins, elle ne représente qu’un seul aspect du changement du système qui devrait se produire. Le ministère devrait donc servir de moyen pour faciliter le travail des scientifiques tchèques et pour mettre en ordre le financement de la science. »

Des présentations et évaluations uniques des recherches scientifiques représenteraient l’un des points forts de ce projet. Le nouveau ministère devrait prendre en charge également l’avenir de l’orientation de la recherche en République tchèque, compétence qui dépend jusqu’à présent du ministère de l’Education. D’après Pavel Bělobrádek, l’autre demande récurrente chez les scientifiques à l’heure actuelle, la centralisation du financement, est un objectif difficilement atteignable, car il faudrait intervenir au niveau de différents ministères. Le vice-premier ministre ajoute pourtant que le ministère pourrait accomplir une fonction de conseiller dans le domaine de la science auprès des institutions de financement.

Photo illustrative: Commission européenne
Ce projet a trouvé de nombreux partisans, notamment en la personne du ministre des Finances Andrej Babiš ou du Premier ministre Bohuslav Sobotka. Il a néanmoins aussi ses adversaires comme le confirme la députée du parti conservateur TOP 09 Anna Putnová, qui estime inutile la création d’un tel ministère :

« L’amélioration de la situation pour les scientifiques ne peut être assurée par aucun ministère. Il existe chez nous déjà l’autorité de Monsieur le vice-premier ministre qui est chargé de la recherche et je considère donc la création d’un ministère comme une nouvelle division des compétences, la division de trop. »

Pavel Bělobrádek a néanmoins confié pour la Télévision tchèque qu’il s’attendait à de telles réactions et qu’il ne voulait en aucun cas renoncer à son objectif :

« J’ai déjà présenté les principaux points de ce projet aux représentants de l’opposition, à l’exception du mouvement Úsvit (L’Aube). Je suis prêt à poursuivre cette discussion car je ne vise pas à créer une institution à court terme qui serait supprimée avec l’arrivée d’un nouveau gouvernement. De plus, il serait prématuré de mettre en place ce nouveau système sous ma direction. Il s’agit plutôt d’un point de départ pour le prochain gouvernement qui déciderait s’il faut poursuivre dans cette voie et comment. C’est la raison pour laquelle nous discutons à travers tout le spectre politique, donc même avec l’opposition. »

Le projet de création d’un ministère pour la recherche et l’innovation pourrait être présenté au gouvernement à l’automne. Avant son adoption, il faudrait néanmoins modifier la loi qui définit le nombre et la fonction des ministères. Si ce plan se concrétise, le nouveau ministère pourrait naître en 2017.