La société minière OKD dans la tourmente
17 milliards de couronnes (629 millions d’euros), c’est le total des dettes accumulées par OKD, la plus grande et la principale société minière de République tchèque, basée à Ostrava, en Moravie -Silésie. Mardi, elle s’est déclarée en dépôt de bilan auprès du tribunal régional, une procédure qu’elle a associé à une proposition de réorganisation de l’entreprise. Le gouvernement suit de près la situation, face aux risques de licenciements massifs dans une région déjà fortement touchée par le chômage.
Avec 17 milliards de couronnes de dettes, quelque 650 créanciers, et le gouvernement tchèque qui a refusé d’éponger les dettes de l’entreprise tout en insistant sur sa volonté d’aider les employés qui pourraient être licenciés, OKD n’avait plus d’autre solution que de se déclarer en dépôt de bilan, chose qu’elle a faite mardi. Petr Hlinomaz, analyste, envisage ce que cela signifie pour l’entreprise à court terme :
« En déposant le bilan, la société OKD s’est retrouvée dans un certain régime de protection. Elle peut donc rembourser ses obligations de manière plus progressive. Cette décision est un premier débouché dans une situation difficile. C’est également un pas logique vis-à-vis des actionnaires et des plus gros créanciers. Ces derniers se rendent bien compte qu’une société OKD qui fonctionne a quand même plus de valeur que si elle devait être démantelée et vendue par petits morceaux dans le cadre d’une liquidation judiciaire. Cela donne quand même l’espoir qu’OKD puisse continuer à exister, même en version réduite. »Dans son dépôt de bilan, la société OKD a en effet adjoint une proposition de réorganisation, qui prévoit d’ici fin 2017, la fermeture de la mine Paskov et d’ici la fin 2018, celle de la mine de Lazy, et de diminuer également l’exploitation de celles de Darkov et de ČSM Sever.
La porte-parole du tribunal régional a déclaré mardi que ce dernier devrait rendre sa décision dans les jours, voire les semaines à venir. Si le tribunal décide de la faillite de l’entreprise, il doit également déterminer la manière dont cette faillite doit être mise en œuvre. Deux solutions se présentent : soit la réorganisation, soit la liquidation judiciaire qui impliquera de mettre en place une procédure pour tout vendre et payer les créanciers.
Du côté du gouvernement tchèque, le ministre de l’Industrie et du Commerce Jan Mládek (ČSSD) espère que c’est bel et bien la réorganisation de l’entreprise qui sera décidée par le tribunal :« Du côté du gouvernement, nous sommes pour cette solution. Si la société est mise en faillite – et je suppose que c’est le plus probable, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que l’exploitation du charbon se poursuive dans le cadre d’une réorganisation de l’entreprise. »
Du côté des syndicats, on préfère au contraire, l’autre variante, la liquidation judiciaire, espérant qu’elle permettra de remplacer les propriétaires de l’entreprise qu’ils considèrent comme responsables de ses problèmes. Josef Středula, président de la Confédération tchéco-morave des syndicats :
« Je ne pense pas que la réorganisation soit une solution. Mieux vaut se débarrasser de toutes les obligations qui sont énormes, et par l’intermédiaire d’une liquidation judiciaire, de commencer une nouvelle étape dans laquelle l’Etat pourrait jouer un rôle décisif. »En attendant, c’est un avenir bien incertain qui plane sur l’emploi de milliers de personnes : le gouvernement a déjà fait savoir qu’il était prêt à aider les mineurs et a récemment discuté des différentes possibilités envisageables comme des retraites précoces pour les mineurs, des allocations de licenciement, des possibilités de requalification, ou encore d’une augmentation du nombre de postes à pourvoir dans le secteur public. C’est dans le sens de l’apaisement que s’est exprimé ce mercredi le Premier ministre Bohuslav Sobotka, après sa réunion avec les ministres de l’Industrie et du Commerce, du Travail et des Affaires sociales, et de la Justice : il a assuré que la coalition tripartite au pouvoir voulait stabiliser la situation autour de la société OKD et assurer la poursuite des activités dans les mines, d’ici le verdict final du tribunal.