La Tchéquie a adopté son budget 2010 avec un déficit prévu à 5,7% du PIB

Photo: CTK

Après un débat houleux à la Chambre des Députés, le budget de l’Etat 2010 a été adopté mercredi soir, avec comme prévu, un déficit record depuis la création de la République tchèque, s’élevant à plus de 163 milliards de couronnes.

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L’adoption du budget est considérée comme une victoire de la gauche qui a réussi à imposer le vote de dépenses supplémentaires d’un montant de 12 milliards de couronnes, contre l’avis du gouvernement.

« La République tchèque a adopté son budget de l’Etat pour 2010. Il faut saluer le fait qu’elle n’entrera pas dans la nouvelle année avec un régime budgétaire provisoire. Des problèmes brûlants qui se posent dans les finances publiques et que j’ai crus éliminés ou atténués, en cas d’adoption du projet gouvernemental de budget, pèseront toutefois avec toujours autant d’urgence en 2010. »

Jan Fischer,  photo: CTK
C’est en ces termes que le chef du cabinet intérimaire Jan Fischer a réagi à l’adoption des 12 milliards de couronnes supplémentaires, qu’ont réussi à imposer les sociaux-démocrates avec le soutien des communistes, détruisant ainsi selon Fischer, le projet de budget restrictif difficilement élaboré par le ministre des Finances, Eduard Janota. Les services sociaux, les subventions aux agriculteurs et les salaires des fonctionnaires, voilà les gagnants du vote de ce projet modifié. Le déficit atteindra donc 5,7% du PIB, l’année prochaine. Eduard Janota n’a pas caché sa déception, car les intérêts politiques ont pris le dessus sur les économies indispensables :

Eduard Janota,  photo: CTK
« C’est pour moi comme un rappel que le cabinet provisoire aura beaucoup de peine à imposer quoi que ce soit, dans le temps qui lui reste jusqu’aux élections législatives. Je perçois très bien la réalité politique qui montre que sans une compréhension et une collaboration des partis politiques, aucune réforme, aucun changement n’est possible. »

Le projet de budget modifié a été soutenu par 81 députés, pour la plupart du parti social-démocrate auxquels se sont joints cinq députés du parti chrétien-démocrate, et quatre députés Verts. Les députés de l’ODS ont retiré leurs cartes de vote ce qui a eu le même effet que de sortir de la salle au moment du vote. Par ce geste ils ont réduit à 58 le nombre de voix nécessaires pour imposer le projet initial. Les députés communistes et ceux du parti TOP 09 ont voté contre. Les deux partis de droite, TOP 09 et l’ODS ont qualifié l’adoption du budget de démarche populiste qui s’inscrit dans le cadre de la campagne électorale du CSSD. Pour le chef de ce parti, Jiří Paroubek, le résultat du vote est un vrai succès, et l’accroissement du déficit n’est point dramatique :

Jiří Paroubek  (à gauche),  photo: CTK
« En ce qui concerne les projets modifiés que nous avons proposés, ils ne représentent que 1% du volume global des dépenses du budget de l’Etat, il s’agit donc de modifications minimes. »

Le budget a été critiqué par le président Václav Klaus qui le considère comme très mauvais en raison de son déficit record. Nous rappellerons qu’en rapport avec le vote du budget, la Commission européenne a mis en garde la République tchèque vis-à-vis du rythme de l’accroissement de sa dette publique qui est l’un des plus rapide à l’échelle des Vingt-Sept. La mise en œuvre des réformes ne tolère plus aucun retard, selon la Commission européenne, l’objectif à long terme étant de réduire le déficit au-dessous des 3% du PIB, comme l’exigent les critères de Maastricht.