La Tchéquie : de très bons indices, et pas seulement économiques
Les indices économiques donnent à croire que la République tchèque se trouve dans une très bonne condition. Plus de détails dans cette nouvelle revue de presse de la semaine qui se penchera, aussi sur certains aspects de la transformation de la scène médiatique nationale. Nous avons également retenu une confession du missionnaire tchèque Petr Jašek, qui a passé quatorze mois en prison au Soudan. Les grandes lignes d’une analyse concernant la prochaine élection présidentielle française que nous vous présenterons ensuite témoignent de l’intérêt porté par les médias locaux à cet événement. Quelques mots enfin au sujet des cours d’apprentissage de la langue tchèque qui sont désormais offerts à Prague aux jeunes ressortissants étrangers.
« Le taux de chômage en Tchéquie est plus bas que dans les autres pays membres de l’Union européenne, le budget de l’Etat en 2016 a été excédentaire, pendant que le PIB a progressé de 2 %. Outre ces indices économiques, il existe d’autres atouts dont le pays peut se targuer : un taux de criminnalité assez bas, un environnement plus ou moins propre, des infrastructures qui fonctionnent comme il faut. De même, on peut illustrer cette situation par exemple par le fait que, comparé à certains autres pays développés, le pays dispose de suffisamment de place pour les enfants dans les écoles maternelles, dans les crèches et dans les écoles. Des études gratuites dans des établissements secondaires et universitaires sont accessibles pratiquement à tous ceux qui veulent étudier. Tous ceux également qui veulent vraiment peuvent trouver un emploi. »
Tout en tenant compte des différents défis auxquels l’économie tchèque sera confrontée dans un proche avenir, l’auteur de cette analyse conclut que le pays traverse actuellement une période extraordinaire. Et il rappelle que dans l’histoire, les Tchèques se sont souvent présentés comme une nation résiliente, comme ils l’ont démontré après les fuites de « cerveaux » et des « élites », survenues notamment après la Bataille de la Montagne-blanche en 1620 ou après 1948 et 1968. C’est pourquoi il convient d’apprécier comme il se doit et d’être fiers de la période que l’on vit actuellement, et d’en profiter. La mauvaise humeur, cette fameuse « blbá nálada » qui avait accompagné les années 1990, doit donc être désormais surmontée.
La radio et la télévision publiques – la garantie d’une information libre
Les journalistes de la Télévision publique tchèque sont-ils « une bande impartiale et d’amateurs », une « bande corrompue », comme les a récemment désignés le président de la République, Miloš Zeman, ou encore le ministre des Finances Andrej Babiš ? Un texte publié dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt s’interroge sur les raisons de ces attaques contre un média qui, à la différence de certaines autres sources d’information, veille à son objectivité, à son professionnalisme et l’incorruptibilité des conseillers de l’audiovisuel. L’auteur constate :« La Tchéquie qui, après la chute du régime communiste en 1989, a permis le développement de médias très libres, audacieux et professionnellement à la hauteur, se retrouve dans une situation nouvelle où une partie de ces médias servent les intérêts de forces politiques dont ils dépendent financièrement. C’est d’autant plus inquiétant que la Tchéquie ne dispose pas, à la différence de l’Allemagne par exemple, d’organisations fortes veillant au respect des principes déontologiques et à l’indépendance des médias. »
Selon Respekt, ce sont donc la radio et la télévision publiques qui deviennent aujourd’hui, et plus encore qu’auparavant, les piliers d’une information libre. C’est d’ailleurs précisément une des raisons pour lesquelles ils sont la cible d’attaques.
Petr Jašek : documenter la persécution des chrétiens
« Je ne suis pas un fanatique religieux, contrairement à ce que certains prétendent. Je suis croyant, membre de l’Eglise évangélique des frères. Je me considère comme un chrétien conservateur. » C’est ce qu’a déclaré Petr Jašek dans un entretien publié dans l’édition de jeudi du quotidien Mladá fronta Dnes. Petr Jašek est ce missionnaire tchèque qui a été condamné au Soudan à vingt ans de prison pour espionnage et incitation à la haine. Après avoir passé 14 mois en prison, il est revenu en République tchèque dimanche dernier, en compagnie du chef de la diplomatie, Lubomír Zaorálek, sur la base d’une grâce accordée par le président soudanais Omar El-Béchir. Le missionnaire tchèque explique à ce propos : « Je n’ai pas développé d’activités religieuses au Soudan, je voulais tout simplement documenter la persécution des chrétiens, ce que je fais d’ailleurs partout où il le faut. Alors, quand j’ai appris qu’il y avait là-bas un étudiant brûlé lors d’une attaque contre les chrétiens, je n’ai pas hésité et je m’y suis rendu. Dans le cadre de mes activités humanitaires j’ai déjà visité près d’une centaine de pays, en Afrique, en Asie centrale et au Proche-Orient. »Petr Jašek déclare ne pas regretter sa dernière expédition au Soudan, bien qu’il se soit retrouvé pour la première fois derrière les barreaux. Pour lui, plus que d’un simple devoir d’ordre professionnel, il s’agit d’une mission.
L’élection présidentielle française dans la presse tchèque
La prochaine élection présidentielle en France est l’un des sujets qui alimentent régulièrement les pages de l’actualité internationale de la presse tchèque. Le dernier supplément Česká pozice du quotidien Lidové noviny a, par exemple, publié une longue analyse sous le titre « Qui pourra vaincre Marine Le Pen ? » Son auteur écrit :« Cette année, des élections auront lieu dans deux pays européens importants : des élections législatives en septembre en Allemagne et l’élection présidentielle, d’ici deux mois, en France. Ce dernier pays a perdu de son éclat et de son influence, voilà pourquoi on peut aujourd’hui difficilement prétendre que les deux pays soient les leaders de l’intégration et de l’évolution européennes, car le leadership appartient à Berlin. Toutefois, la France demeure une puissance, voilà pourquoi la question de savoir qui sera le maître du Palais de l’Elysée n’est pas seulement son affaire interne. »
Mentionnant un mélange de conservatisme profond et d’adoration de la révolution, d’individualisme enraciné et de volonté de soumission aux idéologies, ainsi que la défense acharnée d’intérêts particuliers au nom d’une idée collective, l’auteur remarque que pour les observateurs, la France constitue une énigme. Et, après avoir dressé sur deux pages les portraits et les chances des principaux candidats en lice, il conclut :
« Deux mois avant l’élection présidentielle, la France présente tout sauf une image calme. Jamais auparavant, le résultat d’une élection n’a été aussi imprévisible. Jamais encore, il n’y a eu autant de candidats en mesure de gagner. Les résultats des nombreux sondages d’opinion qui sont effectués, après le Brexit et l’élection de Donald Trump, n’ont désormais plus aucune valeur. C’est finalement l’électeur, qui échappe ces derniers temps à tous les scénarios prévus, qui décidera. »
La maîtrise de la langue tchèque comme moyen d’intégration
Certaines écoles de Prague vont offrir un apprentissage gratuit aux enfants dont le tchèque n’est pas la langue maternelle, une façon de contribuer à leur intégration dans la société. Suite à l’accord donné cette semaine par la municipalité, le journal internet DenikReferendum a écrit:« Il s’agit là d’un projet pilote qui sera réalisé dans 22 arrondissements de Prague et qui permettra de donner deux heures hebdomadaires de cours de langue tchèque aux enfants de nationalité étrangère, ainsi qu’à tous ceux qui ne parlent pas bien tchèque, tout en ayant déjà acquis la nationalité. Les enfants tchèques qui ne maîtrisent pas bien la langue seront eux aussi concernés, notamment les enfants rom qui, chez eux, n’ont appris que la langue romani. Une solution systématique faisant toujours défaut, le nouveau projet est fortement applaudi par les experts chargés des questions relatives à l’intégration des jeunes migrants, qui espèrent son élargissement ultérieur. »
L’année dernière, près de 16 500 enfants de différentes nationalités ont fréquenté les écoles primaires tchèques, un chiffre qui ne représente que 2 % du total des élèves. Et seuls 0,5 % d’entre eux sont issus de pays de l’Union européenne.