La Tchéquie et un éventuel conflit en Irak
Avec l'approche d'une guerre éventuelle contre l'Irak, les réactions des milieux politiques tchèques se font de plus en plus nombreuses. Quelle est donc la position de la Tchéquie ?
Les milieux officiels tchèques ne restent pas indifférents, en ce qui concerne la situation qui se crée autour de l'Irak et dans l'éventualité d'une guerre contre le régime de Saddam Hussein. La Tchéquie se sent, comme tous les pays démocratiques, directement concernée. Le président de la République, Vaclav Havel, vient de se déclarer pour une opération commune contre l'Irak, car les Américains ne devraient pas lutter seuls contre Saddam. Une déclaration publiée dans l'édition de ce lundi de l'hebdomadaire tchèque, Respekt. Le chef de l'Etat rappelle qu'il avait déjà parlé de l'importance du mandat de l'ONU et de la force de la coalition contre Saddam avec le Président des Etats-Unis, George Bush, lors du sommet de l'OTAN, en novembre 2002, à Prague. Selon Vaclav Havel, il n'est pas dans l'intérêt de notre civilisation que les Etats-Unis se retrouvent isolés et, en même temps, dans une sorte de guerre de civilisation contre le monde arabe ou musulman. Il n'est pas dans l'intérêt du monde, et de la République tchèque que l'alliance commence à s'effriter. Le gouvernement a examiné, ce lundi, la question irakienne, en présence du chef de l'Etat. Le cabinet s'est prononcé pour la participation de la Tchéquie à une éventuelle coopération contre l'Irak. Le mandat de l'ONU ne serait pas nécessaire dans le cas de l'emploi d'armes de destruction massive par le régime de Saddam Hussein. L'ONU n'a pas adopté de résolution sur la nécessité d'une guerre contre l'Irak, mais le président de la République est persuadé qu'elle est inévitable. Vaclav Havel ne renie pas ses idées pacifistes, mais, dans certains cas, selon lui, l'emploi de la force est nécessaire pour sauvegarder la paix. Le Président pense que la décision revient aux politiciens tchèques : s'ils pensent qu'il n'est pas indispensable d'éliminer le danger représenté par Saddam Hussein, c'est leur libre choix, mais ils en supporteront les conséquences. Dans le camp de ces milieux politiques, justement, les opinions diffèrent : certains sont pour une intervention armée en Irak, comme le candidat à la présidence, Jaroslav Bures ; d'autres sont contre, comme un autre candidat, Vaclav Klaus, ancien leader du Parti civique démocrate, qui pense que la guerre peut être évitée. Le ministre des Affaires étrangères, Cyril Svoboda, est pour le changement du mandat de l'unité de décontamination chimique de l'Armée tchèque qui opère au Koweït : elle devrait être en mesure d'intervenir en Irak ou dans les pays voisins. Les Etats-Unis ont demandé son renforcement, tout comme la permission d'utiliser l'espace aérien et le territoire tchèque pour le transit de leurs forces armées. La réponse à la requête américaine dépend du Parlement. Il a jusqu'au 20 janvier pour la faire connaître. Les députés et les sénateurs ne sont pas unanimes sur la nécessité d'une guerre contre Saddam Hussein, mais ils le sont sur le fait que, dans le cas d'une telle guerre, elle devrait avoir lieu sur la base d'un mandat de l'ONU.