La Tchéquie prête à répondre aux demandes de l’Ukraine – et à accueillir d’éventuels réfugiés

Des Ukrainiens assistent à un rassemblement dans le centre de Kiev, en Ukraine, samedi 12 février, lors d'une manifestation contre l'escalade potentielle de la tension entre la Russie et l'Ukraine

Alors que différentes sources américaines et européennes évoquent la possibilité imminente d’une invasion russe en Ukraine, le Premier ministre Petr Fiala (ODS) a déclaré que le gouvernement tchèque ne prévoyait aucune aide matérielle supplémentaire pour l’instant, mais qu’il était prêt à répondre aux éventuelles demandes ukrainiennes. Et à faire face à différents scénarios d’évolution des tensions entre les deux pays.

Lors d’une réunion extraordinaire lundi 14 février, le conseil de sécurité de l’Etat a discuté de la préparation de la République tchèque face à divers scénarios en Ukraine, et notamment d’une aide humanitaire au pays, de la protection des citoyens tchèques ainsi que d’un éventuel mouvement migratoire.

Petr Fiala | Photo: Archives du Gouvernement tchèque

A l’issue de cette réunion, le Premier ministre Petr Fiala a rappelé que le gouvernement tchèque avait fait don à l’Ukraine de plus de 4000 obus d’artillerie fin janvier. Il a expliqué qu’aucune aide matérielle supplémentaire n’était prévue pour l’instant, mais que la République tchèque était prête à répondre aux éventuelles demandes de la partie ukrainienne.

Ces derniers mois, la Russie a massé des dizaines de milliers de soldats près de la frontière ukrainienne, faisant craindre à Kiev et à l’Occident une offensive militaire. Alors que les tensions montent entre les deux pays, le conseil de sécurité de l’Etat tchèque a également abordé une possible arrivée de réfugiés en provenance d’Ukraine si le conflit venait à escalader. Là aussi, Petr Fiala a déclaré que la République tchèque était « préparée pour accueillir un nombre variable de réfugiés », le conseil de sécurité de l’Etat ayant abordé les questions de sécurité, d’aide humanitaire et de santé liées à une éventuelle vague migratoire.

Des militaires ukrainiens arpentent les zones d'impact à partir d'obus tombés près de leurs positions sur une ligne de front dans la région de Louhansk,  en Ukraine,  lundi 14 février. | Photo: Wadim Ghirda,  ČTK/AP

Petr Fiala, qui a rencontré dimanche le président du Conseil européen Charles Michel et d’autres dirigeants européens, a par ailleurs expliqué que les pays de l’UE avaient des positions proches sur le conflit, leur « volonté de réagir conjointement à une éventuelle agression russe » étant « sans ambiguïté ». Il revient toutefois à chacun des pays de l’UE de décider d’offrir ou non une assistance économique ou militaire à l’Ukraine. Il a également souligné que la collaboration intensive des alliés européens en matière d’échange d’informations était absolument essentielle.

Kiev | Photo: Efrem Lukatsky,  ČTK/AP

Le gouvernement tchèque adopte une position de prudence quant à l’évolution de la situation. Par mesure de précaution, ce week-end, il a fait quitter le pays aux familles des diplomates tchèques en Ukraine. Cependant, comme l’a annoncé lundi le vice-ministre tchèque des Affaires étrangères Martin Smolek, la plupart des diplomates eux-mêmes sont restés sur place, assurant ainsi le fonctionnement de l’ambassade tchèque à Kiev et du consulat à Lviv. Les Etats-Unis, le Canada, l’Australie et d’autres pays ont en revanche choisi d’évacuer leurs diplomates.

Nombreux sont également les pays à avoir incité leurs ressortissants à quitter l’Ukraine, et la République tchèque est l’un d’entre eux, le gouvernement ayant avancé une possible suspension du trafic aérien vers et en provenance du pays. Toutefois, ne suivant pas l’exemple de sa concurrente néerlandaise KLM, la compagnie aérienne tchèque ČSA a annoncé ne pas interrompre ses vols vers l’Ukraine pour l’instant. Les vols réguliers entre la République tchèque et l’Ukraine proposés par les compagnies aériennes ukrainiennes SkyUp Airlines, Ukraine International Airlines et Bees Airline continuent également d’être assurés.

Zdeněk Hřib | Photo: Le Parti Pirate/Flickr,  CC BY-SA 2.0

Alors que la République tchèque mettait justement en garde ses ressortissants contre tout voyage en Ukraine, le maire de Prague Zdeněk Hřib (Pirates) se trouve en ce moment à Kiev, où il doit rencontrer son homologue Vitali Klitschko. Zdeněk Hřib a justifié cette visite de deux jours en disant qu’il s’agissait d’un déplacement diplomatique qui ne pouvait être annulé.

Autre mesure de précaution, la République tchèque a également prié les citoyens tchèques restant en Ukraine de s’enregistrer dans le système Drozd, utilisé par les ambassades tchèques pour informer les touristes tchèques en cas d’urgence ou d’événements exceptionnels.

Confiant, Petr Fiala a estimé ce mardi que les négociations diplomatiques allaient se poursuivre pour parvenir à une résolution pacifique.

Le président de la République Miloš Zeman, pour sa part, n’a pour l’instant fait aucun commentaire sur la situation. Son porte-parole a toutefois annoncé qu’il s’exprimerait dans le courant de la semaine.