La Tchéquie veut être prête en cas de Brexit « dur »

Photo illustrative: muffinn via Foter.com/CC BY

L’éventualité que le Royaume-Uni quitte l’Union européenne sans accord avec Bruxelles apparaît de plus en plus plausible et un Brexit « dur » pourrait bien avoir de fâcheuses conséquences, notamment pour le droit des citoyens européens se trouvant sur le territoire britannique. Face à ce possible scénario, le gouvernement tchèque entend être préparé.

Jan Hamáček et Andrej Babiš,  photo: ČTK/Kateřina Šulová
Les députés britanniques devaient se prononcer la semaine passée sur l’accord conclu entre Londres et Bruxelles sur le Brexit. Craignant une réponse négative, la Première ministre, Theresa May, très affaiblie dans son propre camp conservateur, a décidé de repousser le vote qui, promet-elle, devrait avoir lieu avant le 21 janvier. Mais rien n’indique que les conditions seront plus favorables et il est donc possible qu’au 29 mars 2019, date prévue pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, cette séparation se passe sans aucun accord.

Aussi, les pays européens se préparent à une telle éventualité. Déjà l’Assemblée nationale en France a habilité le gouvernement d’Edouard Philippe à prendre des ordonnances pour s’adapter à la situation nouvelle. En République tchèque, l’affaire a été discutée ce lundi en conseil des ministres. C’est le ministre de l’Intérieur, le social-démocrate Jan Hamáček, qui a été chargé de l’élaboration d’une loi déjà surnommée « lex Brexit » :

« Bien sûr, aucun d’entre nous ne souhaite un Brexit ‘dur’, car nous savons que cela entraînerait toute une série de complications, tant pour nos ressortissants au Royaume-Uni que pour les citoyens britanniques ici chez nous. Néanmoins, ne pouvant pas exclure ce Brexit dit ‘dur’, nous devons nous y préparer aussi du point de vue législatif. »

Le projet de loi doit permettre de définir temporairement, avant qu’un accord bilatéral puisse être conclu avec Londres, les droits des ressortissants britanniques séjournant sur le territoire tchèque. Le texte prend aussi en compte le cas des quelque 100 000 Tchèques vivant en Grande Bretagne.

Mais ce n’est pas tout, car de nombreux acteurs de l’économie tchèque craignent également les conséquences d’un « no deal », alors que 5 % du total des exportations tchèques se font vers le Royaume-Uni. Andrej Babiš, qui parle pour sa part d’un Brexit « sauvage », dit être conscient des enjeux :

Photo illustrative: muffinn via Foter.com/CC BY
« Au cours du débat au conseil des ministres, il est apparu que toute une série de problèmes peuvent se manifester dans de nombreux domaines, par exemple pour l’importation de médicaments ou au regard des activités de nos entreprises. Nous avons donc décidé que chaque ministère, sous la coordination du ministère de l’Intérieur, présenterait d’ici à vendredi des propositions de paragraphes sur des sujets ‘hors droit des personnes’, c’est-à-dire prenant en compte les différentes situations dans lesquelles peuvent se retrouver nos entreprises, les conditions des échanges commerciaux et ainsi de suite. »

Le gouvernement entend examiner cette « lex Brexit » début janvier pour qu’elle puisse, si nécessaire, entrer en application dès le 29 mars. D’ici là, les données du problème pourraient bien évoluer. De plus en plus audibles sont en effet les voix qui appellent à la tenue d’un nouveau référendum britannique, une option à laquelle est – officiellement – totalement opposée Theresa May et qui ne serait pas sans soulever d’autres grandes difficultés.