La tournée de la chanson francophone bat son plein !
Dans le cadre des Journées de la Francophonie, qui se tiennent actuellement un peu partout en République tchèque, une tournée de la chanson francophone permet au public de la plupart des grandes villes du pays de découvrir la richesse et la diversité de la musique francophone. Au programme de cette tournée exceptionnelle figurent les chanteuses belge et canadienne Karin Clercq et Fabiola Toupin, le chanteur suisse Michel Bühler, les groupes français et tchèque Lool et Praga Union, et enfin Didier Awadi, un des fondateurs du rap sénégalais et africain, et tête d'affiche de l'un des événements culturels en langue française les plus marquants de l'année en République tchèque. Et après être passé à Brno, Olomouc et Ceske Budejovice, et avant de poursuivre sa série de concerts à Ostrava, c'est le public du théâtre Archa, à Prague, que Didier Awadi a fait danser et vibrer sur des sons hip hop...
« Franchement, je suis surpris de l'accueil. Les gens viennent et sont enthousiastes. Ca chante, ça danse avec nous... Bien qu'ils ne comprennent pas tout, ils sentent la vague que l'on essaie de faire passer et ils nous le rendent bien. Je suis donc très heureux d'être ici, même si je crois que c'est aussi ma nature d'être heureux. »
Comment le public perçoit-il vos chansons et leurs rythmes ?
« Très bien. C'était assez nouveau pour la plupart des gens, parce que dans notre show, on peut entendre de l'Amérique comme de l'Europe et de l'Afrique, et même de la vraie brousse. On fait voyager les gens et ils nous suivent partout, dans tout ce que l'on fait dans l'évolution du show. Jusqu'à présent, le public accueille tout cela très bien et il nous donne aussi beaucoup. »
La brochure de présentation des Journées de la Francophonie en République tchèque vous présente comme « la figure emblématqiue du rap francophone aux percussions africaines ». Est-ce une définition qui vous convient bien ?« C'est vrai que les gens parlent beaucoup de figure emblématique en ce moment et c'est vrai que ça fait longtemps qu'on est dans ce truc. On a commencé en 1989 et ça fait déjà beaucoup d'années sur la route. On est un des premiers groupes africains à avoir explosé à l'international et on mélange nos racines africaines, donc je pense que c'est ce qui explique cette définition. Alors, oui, elle est juste. Elle n'est pas complète, mais elle est juste. »
Qui sont les membres qui composent votre groupe ? Ils sont de différentes origines. Ces différentes influences ressortent-elles dans votre musique ?
« Aujourd'hui, dans le groupe, nous avons un Sénégalo-Malien au passeport français, donc un Mandingue, qui vient avec sa cora et ses percussions, un Congolais au passeport belge qui vient aussi avec ses percussions et qui chante en lingala, moi, j'ai un passeport sénégalais en ayant des origines béninoises et cap-verdiennes, et on a aussi quatre Suisses. Tout ça se regroupe. Il y a une magie qui se crée que l'on n'arrive pas à définir, mais à chaque fois qu'on est sur scène, rien qu'entre nous, il y a une magie... C'est fantastique ! »
Est-ce pour cela qu'on vous présente comme un artiste panafricain ?
« C'est clair que je suis un artiste panafricain. Pour moi, il est important de donner une image positive du continent partout où on va. Je combats cette image de misère de l'Afrique : maladies, sida, guerres, canibalisme, etc. Des trucs qui n'existent pas. Moi, je vis à Dakar, en Afrique, et je crois beaucoup que tous ces pays africains doivent travailler ensemble pour donner une image positive d'eux-mêmes. Ce travail commence par un travail sur soi-même. Si toi, tu montres une image positive de toi et que chacun le fait, tout le continent aura une plus belle image. Aujourd'hui, on a un problème d'image et il faut reconstruire celle-ci. Je suis donc panafricain à 200 %. »
A cet égard, quel est le rôle que joue la francophonie ?
« La francophonie crée un lien entre toutes ces capitales. Entre le Congo, le Mali, le Zaïre, la République démocratique du Congo, l'île de la Réunion, Madagascar, etc. Dans tous ces pays, on parle français. On a quelque chose en commun. On peut discuter, on peut se comprendre, des idées peuvent être partagées, adoptées plus rapidement qu'entre des zones où il n'y a pas de liens culturels. »