La valse des ministres de la Santé se poursuit en Tchéquie
49 jours : c’est le temps qu’aura duré le mandat du ministre de la Santé démissionnaire Petr Arenberger, le quatrième à avoir occupé ce poste clé depuis le début de la pandémie. A la surprise générale, Petr Arenberger a démissionné, mardi, et a été remplacé par un de ses prédécesseurs, Adam Vojtěch, qui avait lui-même quitté ses fonctions en septembre dernier, au début de la deuxième vague de Covid-19.
Soupçonné par les médias de conflit d’intérêts et critiqué pour de nombreuses irrégularités dans ses déclarations de patrimoine, Petr Arenberger a annoncé sa démission mardi, après avoir accusé les médias tchèques d’avoir exercé « une pression brutale » sur sa personne et ses proches.
Depuis sa nomination, le 7 avril, ce dermatologiste reconnu, directeur de l’hôpital public pragois de Vinohrady, a passé plus de temps à expliquer l’origine de ses revenus et l’ampleur de son patrimoine qu’à gérer une pandémie qui poursuit son recul en République tchèque (+ 658 personnes positives au Covid-19 ce mardi, soit le plus faible nombre de cas journaliers depuis début septembre).
Petr Arenberger a notamment été mis en cause par les médias pour la location d’un de ses biens immobiliers à l’hôpital qu’il dirigeait depuis 2019. Ensuite, les journalistes ont relevé d’autres irrégularités liées à son patrimoine important ainsi qu’à ses activités entrepreneuriales au sein de sa clinique dermatologique privée.
Autant de soupçons rejetés par l’ex-ministre, mais qui, selon les médias, ne devraient pas être pris à la légère. Par ailleurs, les conseillers municipaux ont annoncé vouloir examiner les conditions dans lesquelles Petr Arenberger a fait l’acquisition d’un appartement dans le Ier arrondissement de Prague, tandis que le Premier ministre Andrej Babiš prévoit un audit à l’hôpital de Vinohrady.
Le chef du gouvernement a rapidement trouvé un remplaçant au ministre démissionnaire : le jeune juriste et député du mouvement ANO Adam Vojtěch, qui avait déjà dirigé le ministère de la Santé entre décembre 2017 et septembre 2020, notamment donc pendant la première vague pandémique. Il a quitté son poste au seuil de la deuxième vague automnale, après avoir renoncé à mettre en place des mesures de restriction à l’époque critiquées par Andrej Babiš. Le président de la Chambre tchèque des médecins, Milan Kubek, voit le retour d’Adam Vojtěch d’un mauvais œil :
« A l’automne, il a laissé entendre que la loyauté envers le Premier ministre Andrej Babiš était plus importante pour lui que la santé des citoyens. Après les grandes vacances, il a permis le retour des enfants à l’école et des gens au travail sans masque, sans aucune mesure sanitaire. C’était une décision catastrophique qui a choqué les spécialistes. »
Trois médecins, respectivement Roman Prymula, Jan Blatný et Petr Arenberger, se sont succédé au poste de ministre de la Santé, s’efforçant tant bien que mal de maîtriser une pandémie qui a entraîné la mort de plus de 30 000 personnes en République tchèque. Un des bilans les plus sinistres à l’échelle européenne.
Pressenti pour être le nouvel ambassadeur tchèque en Finlande, Adam Vojtěch aura donc finalement pour mission de diriger le ministère de la Santé jusqu’aux élections législatives prévues pour cet automne.
A l’issue de sa nomination, il a déclaré vouloir se concentrer sur la campagne de vaccination contre le Covid-19 ciblée sur la jeune génération, ainsi que sur la numérisation du système de Santé publique. Il veut également mener à bien certains changements législatifs entamés pendant son premier mandat ministériel.