La vice-présidente de la Chambre des députés face à la police anticorruption
Ce mercredi, la police a demandé à la Chambre des Députés de lever l’immunité parlementaire de sa vice-présidente Vlasta Parkanová du parti TOP 09. Selon les informations ayant filtré dans la presse, elle serait soupçonnée d’être responsable d’un achat d’armes douteux réalisé en 2009.
« Cette affaire concerne l’achat d’avions de marque CASA pour l’armée tchèque. Nous avons des raisons de croire que deux infractions ont été commises. »
En avril 2009 le gouvernement du premier ministre Mirek Topolánek a approuvé, un mois avant sa démission, l’achat de quatre avions militaires CASA fabriqués en Espagne pour 3,5 milliards de couronnes (135 millions d’euros). Vlasta Parkanová détenait dans ce cabinet le portefeuille de la Défense. Déjà à l’époque cet achat controversé a suscité de nombreuses questions. L’ancien directeur du Service d’armement du ministère de la Défense Jaroslav Štefec constate :
« Le choix du type d’avion avait déjà éveillé des doutes, mais aussi le prix et la façon dont tout le projet a été conçu. »
Selon les informations de la police, l’Etat aurait perdu dans cette transaction 658 millions de couronnes (25 millions d’euros) à cause de manipulations frauduleuses. Aujourd’hui Vlasta Parkanová se déclare choquée mais ne se considère pas comme responsable de cette affaire. Elle souligne que c’était le cabinet dans son ensemble qui a pris la décision d’acheter ces avions et affirme qu’elle n’a même pas signé le contrat. Selon la police anticorruption, elle n’a cependant pas exigé d’expertise professionnelle sur le prix de cette nouvelle acquisition pour l’armée tchèque. Sa version des faits est confirmée par le ministre des Finances Miroslav Kalousek qui était en 2009 également membre du cabinet du Mirek Topolánek :
« Cette décision n’a pas été prise par la ministre Vlasta Parkanová mais par le gouvernement de République tchèque dans son ensemble. C’est donc notre décision collective et je l’approuve encore aujourd’hui parce que je pense qu’elle était juste. »L’avis du premier ministre actuel Petr Nečas, lui aussi ancien membre du gouvernement Topolánek, est plus nuancé. Bien qu’il admette que c’était une décision du gouvernement, il ajoute qu’elle n’a été prise que sur la base d’un document présenté par un membre concret du cabinet. Une fois de plus, après le cas de David Rath, la Chambre des députés se voit donc obligée de décider si elle livrera un de ses membres à la justice. Les représentants du parti TOP 09, dont Miroslav Kalousek, semblent décidés à défendre l’immunité parlementaire de Vlasta Parkanová :
« Si la police y voyait une infraction et demandait la levée de l’immunité parlementaire de tous les ministres, de nous tous qui avons pris cette décision et sommes aujourd’hui députés, j’accepterais que notre immunité soit levée et que nous assumions notre responsabilité. Je suis néanmoins convaincu qu’il n’y pas eu d’infraction. Mais je ne voterai certainement pas pour la levée de l’immunité d’un seul membre du cabinet pour une décision collective du gouvernement. »Les députés du Parti civique démocrate ODS, partenaire du TOP 09 dans la coalition gouvernementale, évitent de commenter pour le moment cette affaire dans laquelle risque d’être impliqué finalement aussi l’ancien chef de leur parti, Mirek Topolánek. Par contre les partis d’opposition, la Social-démocratie, le Parti communiste et Affaires publiques, estiment que les arguments réunis par la police contre Vlasta Parkanová ne manquent pas de logique et qu’elle devrait être livrée à la justice. La commission des mandats et des immunités se penchera sur son affaire dès la semaine prochaine. La décision définitive sur une éventuelle levée de l’immunité de Vlasta Parkanová ne tombera que lors de la prochaine session de la Chambre qui commencera le 9 juillet 2012.