La vie quotidienne des habitants de Lidice resurgit du passé

Lidice

Le 10 juin prochain, 70 ans se seront écoulés depuis l’anéantissement du village de Lidice par lequel les nazis se sont vengés de l’attentat ayant coûté la vie à Reinhard Heydrich, protecteur du Reich en Bohême-Moravie. 148 habitants ont été exécutés, les femmes envoyées dans des camps d’extermination, et les enfants partiellement exterminés, partiellement placés dans des familles allemandes pour être rééduqués. Pour évoquer le sort du village rasé, l’association civique Sonosféra prépare un projet original : une évocation de la vie quotidienne à Lidice la veille de la tragédie.

Lidice
Initiateur du projet, Vilém Faltýnek est un journaliste qui avait déjà évoqué la tragédie de Lidice dans une émission de radio. Cette fois, cependant, il a choisi une approche différente :

« Mes collègues de l’association Sonosféra, y compris ma femme, et moi nous sommes rendus compte que, sous le régime communiste, les gens concrets de l’histoire de Lidice avaient été éclipsés par les officialités, la pompe, une espèce d’adoration des victimes innocentes. Les gens concrets ont disparu et nous le regrettons beaucoup. Nous nous sommes rendu compte que la réalité de Lidice était très variée, et cela nous intrigue énormément parce que ce n’est que dans leur réalité quotidienne, et non pas dans leur tragédie, que nous pouvons nous sentir égaux aux habitants du village. »

Thomas Zielinski
Ces jours-ci, le réalisateur Thomas Zielinski, en collaboration avec l’ingénieur du son Michal Rataj, commence donc à réaliser un drame audio très différent des autres projets de ce genre et dont le scénario est signé Tereza Semotamová. Vilém Faltýnek explique pourquoi le texte de cette jeune Tchèque établie en Allemagne a été choisi :

« Nous avons choisi entre deux textes qui étaient tous deux de très bonne qualité. Il était donc extrêmement difficile de trancher. Finalement, nous avons choisi le texte de Tereza Semotamová parce qu’il donne plus d’espace à la réalisation acoustique du projet. »

Plus de 60 comédiens de toutes les générations participeront à cette tentative de Tereza Semotamová de rendre la vie à l’histoire. L’auteur n’hésite pas à marier la réalité et la fiction pour nous plonger dans la vie quotidienne des villageois :

Lidice
« Mon objectif est de démontrer que nous pouvons connaître l’histoire du XXe siècle en partant des destinées humaines concrètes. Je voulais évoquer les endroits classiques du village, les maisons, l’auberge, l’école, l’église, le cimetière, et montrer ce qui pouvait s’y passer. (…) C’est un drame audio basé en partie sur les souvenirs des témoins, mais, évidemment, c’est mon interprétation des faits. J’ai beaucoup lu sur la période du Protectorat et de la Deuxième Guerre mondiale et je m’intéressais aussi beaucoup à des détails techniques, comme le système de rationnement, l’approvisionnement des magasins … »

Photo: Rozeznění
Ce sont cependant les souvenirs des témoins, c’est-à-dire des femmes ayant survécu à la tragédie, qui constituent la trame de cette évocation d’un village qui devait être effacé de la carte et de la mémoire des hommes. Tereza Semotamová a été étonnée par la richesse des détails évoqués par ces femmes, détails qui ont souvent constitué pour elle un point de départ pour la création d’une scène ou d’une situation dramatique. Le scénario se présente donc comme une suite d’innombrables épisodes, comme une mosaïque de scènes de la vie quotidienne qui n’obéit pas, et ne peut obéir, à la composition du drame classique. Le visiteur de Lidice équipé d’un téléphone portable spécial sera invité à se promener sur l’emplacement du village disparu et entendra les différents épisodes liés aux endroits visités, avec le sort des gens y ayant vécu. La première de ce projet aura lieu le 9 juin prochain. Le drame intitulé « Rozeznění – Résonances – Lidice 2012 » sera présenté en versions tchèque et allemande.

www.rozezneni.cz