La violence sexuelle virtuelle : un phénomène sous-estimé

Photo illustrative: StockSnap / Pixabay, CC0

La violence sexuelle virtuelle est le premier sujet traité dans cette nouvelle revue de la presse. Existe-t-il une analogie entre les protestations actuelles et la révolution de Velours ? Une question soulevée en lien avec l’anniversaire de la pétition Quelques phrases lancée il y a trente ans de cela et à laquelle ce magazine s’intéressera également. Quelques mots aussi au sujet des responsabilités des générations d’aujourd'hui à l’égard des générations futures à la lumière du changement climatique. Un regard, enfin, sur la saison des tiques en Tchéquie.

Photo illustrative: StockSnap / Pixabay,  CC0
Toute personne active dans l’espace public et qui s’intéresse à des thèmes de société, devient tôt ou tard la cible d’attaques verbales. La violence sexuelle verbale qui en fait partie est une catégorie spécifique, car elle ne touche que les femmes. Des allusions se rapportant au physique ou au prétendu manque d’attractivité ou d’activité sexuelle de la femme attaquée, des menaces de viol et beaucoup d’autres comportements s’inscrivent dans ce registre. C’est le constat dressé par le quotidien indépendant Deník N qui a cité deux cas spectaculaires de ce phénomène dont une journaliste et une activiste tchèques ont fait l’objet récemment. Il a précisé à ce propos :

« Les menaces de violence sexuelle sont adressées uniquement aux femmes, jamais aux hommes. Ainsi, ces derniers peuvent croire que ce problème n’existe pas. Comme on le sait, il a fallu attendre jusqu’en 2008 pour que le viol, tout comme d’autres formes de torture et de comportements inhumains, soit considéré comme un crime de guerre. Auparavant, le viol était perçu comme un acte d’individus mal disciplinés ou égarés. Cette même optique est aujourd’hui appliquée pour les menaces de viol et le harcèlement sexuel des femmes engagées dans la vie publique. Mais ces actes ne sont-ils pas au final également motivés par ‘une tactique de guerre’ ? »

A la place du terme « violence sexuelle », les experts commencent désormais à utiliser celui de « violence sexualisée ». Une façon de souligner que c’est d’abord la violence qui est en jeu et que l’acte sexuel n’y est présent que comme un moyen. Le commentateur du journal Deník N s’interroge également sur les moyens d’y faire front dans la vie pratique :

« Tout comme lorsqu’il s’agit d’une violence sexuelle physique, je pense qu’il est nécessaire d’en parler et de prendre la défense des femmes. La violence virtuelle demeure, elle aussi, et dans une large mesure, cachée et invisible. Voilà pourquoi je salue la décision de publier les menaces et les insultes comme l’a fait récemment une activiste de l’association à but non lucratif People in Need, calomniée et accusée sur les réseaux sociaux d’être une prostituée. »

Le poids des mots, il y a 30 ans et aujourd’hui

Photo: ČT24
Le 30ème anniversaire du réveil de la société civique qui s’est manifesté, le 29 juin 1989, par le lancement de la pétition intitulée Quelques phrases est parfois comparé avec le mouvement civique actuel dirigé contre le président Zeman et le gouvernement d’Andrej Babiš. C’est ce que rappelle l’auteur d’un texte intitulé « Lorsque les phrases ont un sens » qui a été publié dans le journal en ligne Deník Referendum. La pétition, rappelons-le, a formulé plusieurs revendications auxquelles, à l’époque, l’ensemble de la population pouvait s’identifier. Le commentateur écrit :

« Les manifestations qui se sont déroulées ces derniers temps sur la place Venceslas et sur l’esplanade de Letná à Prague, ainsi qu’à d’autres endroits du pays, sont souvent comparées à la révolution de Velours de 1989. Certes, même aujourd’hui, elles témoignent de l’intérêt des citoyens pour les affaires publiques ce qui est digne de respect. Cela dit, la comparaison s’arrête là. En 1989, les auteurs de la pétition ont clairement défini leurs objectifs pour intégrer le plus grand nombre de personnes à leur projet. Il est vrai qu’aujourd’hui, compte tenu des affaires liées à Andrej Babiš, la revendication de sa démission est logique. Mais à part ça, les objectifs présentés sont vagues et les cibles variables. »

Les sondages montrent que près de la moitié de la population soutient le gouvernement actuel. Que faire alors pour que le discours, l’ambiance et le côté esthétique des manifestations puissent convaincre également cette partie des électeurs et que fait dans ce sens l’opposition de droite préoccupée surtout par ses tentatives de faire tomber le cabinet de Babiš ?, s’interroge le commentateur. Et d’ajouter :

« Il n’est pas étonnant que même trente ans après la chute du régime communiste, la Tchéquie ne dispose pas d’une société civique développée. Dans le passé, les partis politiques traditionnels, toutes orientations confondues, ont tout fait pour l’étouffer. C’est le mécontentement qui a été à l’origine de la naissance du mouvement ANO. Qui saura aujourd’hui tirer profit du mécontenement dont fait désormais l’objet ce mouvement : les démocrates, les populistes, les leaders autoritaires ? Cela dépendra dans une grande mesure des phrases auxquelles l’opposition démocratique aura recours. Hélas, jusqu’ici, elle parle beaucoup sans dire grand-chose. »

Penser le changement climatique autrement, penser aux générations à venir

Photo: Libor Zavoral / ČTK
« Si vous craignez pour vos enfants, vous avez raison. » Tel est le titre de l’un des nombreux articles qui ont été consacrés ces derniers jours aux inquiétudes nées des chaleurs tropicales qui ont touché une grande partie de l’Europe, dont la Tchéquie, et qui a été publié sur le site de l’hebdomadaire Respekt. Son auteur a écrit :

« Plus les températures montent, plus nous prêtons l’oreille aux débats sur l’augmentation critique de la température moyenne d’un degré et demi, la neutralité carbone, la question de notre survie... Mais le débat sur la plus grande menace écologique du moment souffre d’un défaut considérable. Il est tellement abstrait qu’il n’évoque pas les associations qui répondraient aux conclusions d’experts en climatologie. ‘Notre avenir’, ’un avenir proche’ ou ‘un avenir à portée de vue’. Tels sont les termes que nous utilisons à propos des changements qui risquent de nous toucher nous-mêmes. Ceux qui se produiront plus tard n’effrayent pas les gens au point de les pousser à changer leurs habitudes. »

La seule chose qui puisse provoquer chez les gens de véritables craintes, c’est tout ce qui a trait à leur descendance. Et c’est dans cette direction, toujours selon le magazine Respekt, que le débat tchèque concernant le changement climatique devrait être mené. Son commentateur écrit :

« On peut bel et bien contester les scénarios alarmistes. Toutefois, du moment où les scientifiques ont considérablement raccourci leurs prévisions sur les tendances climatiques, il ne s’agit plus d’un débat abstrait sur des catastrophes éloignées dans le temps. Ce sont nos enfants et nos petits-enfants qui seront confrontés à leurs retombées... C’est un constat peu réjouissant. Alors que depuis près de cent ans on dit que les enfants vivront mieux que leurs parents, aujourd'hui, on ne peut plus en être certain. Face à l’indifférence des politiciens pour lesquels les gens votent, on ne peut pas être étonné que ce soient de très jeunes activistes comme Greta Thunberg, qui, dans la mesure de leurs possibilités, veulent reprendre leur destin en main. »

Les Tchèques peu habitués à se faire vacciner contre l’encéphalite à tiques

Photo: ILRI,  Flickr,  CC BY-SA 2.0
Selon le quotidien Lidové noviny, l’année 2018 a marqué dans les pays de l’Union européenne un nombre record de cas d’encéphalite à tiques. Un autre triste record revient à la République tchèque :

« Les habitants de nombreux pays européens répondent à ce phénomène en se faisant vacciner. En Autriche, par exemple, près de 80% de la population y a eu recours. En Tchéquie, cette pratique n’est pas très répandue. 25 % seulement de l’ensemble de la population se font régulièrement vacciner, ce qui classe le pays à la dernière place à l’échelle européenne et à l'avant-dernière place, derrière la Russie, à l’échelle mondiale. En Tchéquie, la maladie tue chaque année plusieurs personnes et est à l’origine de nombreuses hospitalisations. »

« Ces jours-ci, les autorités tchèques ont lancé le plus haut niveau d’alerte aux tiques », écrit le journal. Il indique en outre que rien ne laisse supposer qu’à l’avenir le nombre de tiques diminue. On peut s’attendre, plutôt, à leur migration vers de nouveaux territoires. Par ailleurs, même les grandes villes sont déjà affectées par leur présence.