L'Académie des sciences face aux restrictions budgétaires
L’Académie tchèque des sciences proteste contre la réforme du financement de la science adoptée par le cabinet Mirek Topolánek et mise en œuvre par le gouvernement d’intérim de Jan Fischer. L’objectif de cette réforme est de redistribuer les moyens destinés à la recherche et à la science, de sorte que l’académie sera privée d’un tiers de revenus au profit de l’encouragement des innovations industrielles et de la science appliquée.
L’Assemblée académique convoquée au lendemain de l’aval donné par le cabinet, a appelé ce dernier à stopper la réforme, menaçant de recourir à des protestations à différents niveaux. Si la réforme est appliquée, l’Académie qui produit jusqu’à 40 % de projets scientifiques tchèques avec succès, sera menacée de disparition, souligne son chef, Jiří Drahoš :
« L’année prochaine je serai obligé de procéder à des licenciements et d’arrêter les investissements pour l’achat de nouveaux appareils, et d’autres encore. »
La ministre de l’Education Miroslava Kopicová le voit autrement :
« La situation n’est pas aussi dramatique, puisque le budget de l’Académie des sciences baissera en fait au niveau de l’an 2006. »
L’argument du gouvernement selon lequel l’enveloppe destinée à la science et à la recherche ne changera pas, sinon que plus de moyens seront versés aux recherches appliquées et aux produits commercialisés, est refusé par les chercheurs. Ils insistent sur le fait que sans recherche fondamentale, on ne peut pas faire de bon « business », comme le prouve l’exemple du savant tchèque le plus connu, Antonín Holý, qui a développé dans les laboratoires de l’Académie des sciences le médicament anti-viral pour le traitement du VIH dont l’usage est le plus répandu actuellement dans le monde.
Dans leur protestation, les chercheurs de l’Académie des sciences sont appuyés par des représentants de plusieurs universités qui ne s’attendaient pas non plus à des limitations de ce genre. Le président de l’académie Jiří Drahoš veut attendre la période d’après les législatives anticipées pour en discuter avec le nouveau cabinet. Il n’exclut pas non plus de porter l’affaire devant le commissaire européen en charge de la science et de la recherche.