Jiří Drahoš, nouveau candidat à la présidentielle pour lutter contre le populisme et l’extrémisme

Jiří Drahoš, photo: Filip Jandourek, ČRo

L’élection présidentielle tchèque, la deuxième de l’histoire au suffrage universel direct, possède un nouveau candidat. Ancien président de l’Académie des sciences, Jiří Drahoš a annoncé sa candidature, mardi. Personnalité respectée aussi bien dans les milieux scientifique et intellectuel que dans les médias et la sphère politique, Jiří Drahoš, qui se veut être un candidat indépendant de tout parti, apparaît aujourd’hui, à dix mois du scrutin, comme un des principaux adversaires du président sortant Miloš Zeman.

Jiří Drahoš,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Sa décision était attendue depuis quelque temps déjà, et même fortement espérée par certains. C’est finalement dans sa petite ville natale de Jablunkov (Moravie-Silésie), devant une petite assemblée réunie pour la présentation de son livre intitulé « La science de la vie », que Jiří Drahoš a confirmé qu’il souhaitait occuper les fonctions de chef de l’Etat. Il a fait part de sa volonté de combattre le populisme et l’extrémisme, dont il se dit inquiet de la montée dans le pays, comme de l’avenir de la démocratie ou de « l’apathie civique vis-à-vis de valeurs démocratiques fondamentales ».

Après Miloš Zeman début mars, qui postulera à sa propre succession au Château de Prague (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/milos-zeman-candidat-a-sa-propre-succession-a-la-presidence-de-la-republique), l’homme d’affaires et parolier Michal Horáček, le médecin Marek Hilšer et l’entrepreneur Igor Sládek, Jiří Drahoš, chimiste-physicien reconnu de 68 ans, est donc le cinquième candidat pour la présidentielle 2018. Et si l’on s’en tient aux diverses réactions qui ont suivi son annonce, sa candidature fait l’objet d’une certaine unanimité quels que soient les bords politiques. Les déclarations de Richard Brabec ou de Jan Hamáček, respectivement vice-présidents du mouvement libéral ANO et du parti social-démocrate, les deux principales formations de l’actuelle coalition gouvernementale, confirment ce sentiment général :

Richard Brabec,  photo: ČT24
Richard Brabec : « Pour moi, c’est assurément un candidat très intéressant et sérieux. Jiří Drahoš est un chercheur reconnu, un grand spécialiste et une personnalité cultivée. Je pense que c’est là quelqu’un qui enrichit la palette de candidats qui, pour l’heure, n’offre pas beaucoup de choix. »

Jan Hamáček : « Je pense que l’élargissement progressif de la liste de candidats est une bonne chose. Nous voyons donc d’un bon œil la candidature de Jiří Drahoš. La social-démocratie est le parti qui a instauré l’élection au suffrage universel direct. Cela permettra aux gens de choisir le candidat qui répond le mieux à leurs attentes. »

Seul le porte-parole du président de la République, qui a qualifié Jiří Drahoš de « candidat des médias et produit artificiel de relations publiques », s’est finalement exprimé négativement. « La République tchèque a besoin d’un président qui défende les intérêts des citoyens, comme par exemple dans le cas de la crise migratoire. Et pas d’un approbateur qui prononce des discours sans intérêt », a-t-il indiqué.

Jiří Drahoš, qui est resté huit ans à la tête de l’Académie des sciences, fonctions qu’il a quittées la semaine dernière, se présente comme le défenseur de la vérité, de la raison et de l’intégrité, autant de valeurs dont il estime qu’elles sont actuellement menacées en République tchèque. Et même s’il ne l’a pas affirmé ouvertement, c’est d’abord le président Zeman que Jiří Drahoš, qui n’a jamais adhéré à de parti politique, vise par ses propos.