L’âge de départ à la retraite pourrait être fixé à 65 ans

Иллюстративное фото: Филип Яндоурек, Чешское радио

Le gouvernement va étudier la possibilité de fixer l’âge de départ à la retraite à 65 ans. Ce seuil, qui augmente actuellement régulièrement sans qu’aucune limite ne soit fixée, serait également réévalué tous les cinq ans avec l’idée que les Tchèques devraient passer en moyenne un quart de leur vie à profiter de la retraite. Une proposition qui ne va pas assez loin pour les communistes et qui suscite des remous à droite où l’on rappelle que l’espérance de vie continue d’augmenter.

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
Un enfant qui naît en 2016 peut espérer une retraite bien méritée à l’âge déjà honorable de 73,5 ans. C’est que durant la mandature du gouvernement de droite de Petr Nečas, entre 2010 et 2013, le système a fait l’objet d’une vaste réforme. Ainsi, l’âge légal du départ à la retraite recule chaque année de deux mois pour les hommes et d’un peu plus pour les femmes, par volonté d’harmoniser le système, et tout cela sans qu’aucun âge maximal n’ait été défini. En parallèle, la durée de cotisation auprès de l’assurance retraite connaît aussi un allongement progressif. Une politique qui avait suscité une forte opposition, sans doute le plus vaste mouvement social de ces dernières années puisque plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient battu le pavé à Prague au printemps 2012, sans que cela change cependant quoi que ce soit.

Photo : ČT
Le gouvernement de Bohuslav Sobotka considère pour sa part qu’il est nécessaire de fixer une limite. En charge de la conception d’une ébauche de projet, le conseil de la coalition propose donc que les personnes nées avant 1971 puissent partir en retraite à l’âge de 65 ans, un seuil qui serait à terme le même pour les hommes et pour les femmes, lesquelles bénéficient jusqu’à présent d’un âge de départ anticipé dans le cas où elles ont mis au monde un ou plusieurs enfants. Ministre du Travail et des Affaires sociales, la sociale-démocrate Michaela Marksová explique :

Michaela Marksová,  photo : Filip Jandourek,  ČRo
« Comme d’autres propositions, nous comptons sur le fait que cette mesure puisse prendre effet dans le courant de l’année 2017. Pour les hommes, cela signifierait que cette limite de 65 ans serait atteinte en l’an 2030 et que l’âge de départ pour les femmes s’en approcherait progressivement. »

Au gouvernement, le projet semble faire l’unanimité chez les sociaux-démocrates et les chrétiens-démocrates. De son côté, le mouvement ANO apparaît plus réservé si l’on en croit les propos de son président, le ministre des Finances Andrej Babiš, pour qui la chose doit encore faire l’objet de discussions. Le conseil de coalition dit avoir déterminé le seuil de 65 ans en fonction de l’expérience des autres pays européens. La proposition actuelle prévoit de surcroît une révision de cette limite tous les cinq ans en fonction de différents critères.

Miroslav Kalousek,  photo : Filip Jandourek,  ČRo
Dans l’opposition de droite, on n’a pas tardé à pester contre ce projet en invoquant l’augmentation continue de l’espérance de vie. Actuel président du parti conservateur TOP 09, Miroslav Kalousek était, en tant que ministre des Finances dans le gouvernement Nečas, l’un des principaux artisans de la politique d’austérité menée à l’époque et en particulier de la réforme du système de pensions :

« Je prends cette nouvelle comme l’expression d’une défiance à l’égard du ministère de la Santé car, grâce aux soins médicaux, la durée de la vie humaine ne cesse d’être prolongée. Il est donc logique de ne pas fixer de limite prématurée au départ à la retraite. »

Petr Fiala,  photo : Filip Jandourek,  ČRo
Et puis il y a la question du financement futur du système de retraite. Pour Petr Fiala, le chef du parti civique-démocrate (ODS), la Tchéquie ne serait pas en mesure d’en assurer la pérennité. Le cabinet de M. Sobotka, qui a déjà supprimé le second pilier des retraites, une réforme mise en œuvre par Petr Nečas et Miroslav Kalousek pour développer un système de financement par capitalisation, n’a pour l’heure pas évoqué la question.

La République tchèque fait face au vieillissement accéléré de sa population. En 2013, une projection de l’Office tchèque des statistiques estimait que celle-ci tomberait à 7,5 millions à l’horizon 2100, contre un peu plus de 10,5 millions actuellement. Un tiers des Tchèques seront alors âgés de plus de 65 ans. Selon le chrétien-démocrate Jan Bartošek, qui a contribué à l’élaboration de la mesure nouvelle, c’est sur ce point qu’il conviendrait d’œuvrer en redynamisant la croissance démographique.