L’âge maximal du départ à la retraite fixé à 65 ans

Photo: Kristýna Maková

Les Tchèques pourront partir à la retraite au plus tard à l’âge de 65 ans. C’est du moins ce que propose un projet de la loi adopté ce lundi par le gouvernement. Cette mesure, qui entrerait en vigueur en 2030, sera prochainement discutée par le Parlement.

Photo: Kristýna Maková
La législation tchèque ne définit actuellement pas l’âge maximal du départ à la retraite. Celui-ci augmente chaque année de deux mois pour les hommes et de quatre mois pour les femmes. Ainsi cette année les hommes de 63 ans prennent leur retraite ainsi que les femmes âgées de 58 à 62 ans, en fonction du nombre d’enfant qu’elles ont mis au monde. Dans la logique actuelle, les enfants nées en 2016, quant à eux, seraient contraints de travailler jusqu’à l’âge de 73,5 ans.

Ces perspectives pourraient bientôt changer car le gouvernement de Bohuslav Sobotka a approuvé ce lundi l’établissement de l’âge limite du départ à la retraite à 65 ans. La mesure concerne ainsi toutes les personnes nées après 1971, celles nées avant cette date pourront partir plus tôt à la retraite. Le gouvernement a toutefois introduit un mécanisme de révision de ce seuil : tous les cinq ans, cet âge maximal pourra faire l’objet d’une réévaluation en fonction notamment de l’évolution de l’espérance de vie à la naissance. Ce dispositif supplémentaire, qui a pour objectif d’assurer que chaque Tchèque passe environ un quart de sa vie à la retraite, déplaisait originairement au mouvement ANO, et notamment à son leader Andrej Babiš. Le ministre des Finances a finalement accepté la décision de ses partenaires au sein de la coalition, le parti social-démocrate et le parti chrétien-démocrate, mais il a tout de même indiqué :

Andrej Babiš,  photo: ČTK
« Nous faisons des promesses qui entreront en vigueur dans quatorze ans, tout en sachant qu’il y aura trois, quatre, cinq gouvernements qui peuvent changer les choses entre-temps… De plus, personne ne mentionne que cela va coûter 67 milliards de couronnes (près de 2,5 milliards d’euros, ndlr) par an. »

Andrej Babiš estime aussi que l’introduction d’un âge maximal du départ à la retraite aura pour conséquence une baisse du montant des pensions. De son côté, la ministre du Travail et des Affaires sociales, Michaela Marksová, du parti social-démocrate, considère ces changements nécessaires :

« Premièrement, la République tchèque est le seul pays de l’UE qui n’a pour l’instant pas défini l’âge maximal du départ à la retraite. Sur la question de la possibilité pour les gouvernements futurs de modifier cette limite : si l’on suit cette logique, nous ne pourrions adopter aucune loi car il pourrait lui arriver la même chose… Et quant à la limite de 65 ans, je crois qu’elle n’est pas non plus surprenante. Comme je l’ai déjà dit, soyons réalistes. Nous ne pouvons pas obliger la plupart des gens de plus de 65 ans à travailler. »

Michaela Marksová,  photo: ČT24
Michaela Marksová explique ensuite pourquoi son ministère a décidé de mettre en place un principe permettant de modifier à l’avenir ce seuil de 65 ans :

« A l’heure actuelle, l’espérance de vie des Tchèques est inférieure de deux ans par rapport à celle des citoyens des pays de l’Europe de l’Ouest. Une réévaluation de cette limite tous les cinq ans ne représente donc qu’une sorte de garantie au cas où l’âge moyen des Tchèques change radicalement. Mais je crois que c’est peu probable. »

Bien qu’adopté à l’unanimité du gouvernement, le projet de loi est critiqué par les représentants de l’opposition. Ancien ministre du Travail et des Affaires sociales, Jaromír Drábek, du parti conservateur TOP 09, en dit plus :

Jaromír Drábek,  photo: Archives de Radio Prague
« Ce n’est qu’un jeu. On dit aux gens que l’on fixe un âge maximal de départ à la retraite mais rien ne change dans la réalité. »

Le projet a toutefois des partisans à la Chambre des députés et il devrait être adopté sans problème par les parlementaires. Les députés communistes veulent par ailleurs proposer de faire baisser cette limite à 63 ans.