Presse : les retraités tchèques, les gagnants de la crise ?
Les retraités sont-ils une catégorie favorisée par le gouvernement tchèque? Réponse dans cette nouvelle revue de presse. Une réflexion ensuite sur le choix de la personnalité de l’année qui s’annonce plus évident que jamais. Le magazine porte également un regard sur l’aide en faveur de l’Ukraine adoptée par l’Union européenne avant de proposer quelques remarques concernant l’aristocratie tchèque. Un point enfin sur une controverse en lien avec la prochaine exposition des joyaux de la Couronne de Bohême.
Le gouvernement de Petr Fiala distribue de l’argent à tour de bras, estime le site echo24.cz. Outre les sapeurs-pompiers et les soldats par exemple, ce sont en particulier les retraités qui en profitent. Les chiffres sont éloquents selon l’auteur du texte :
« Durant les trois premiers trimestres de cette année, les revenus des travailleurs, comparé au taux d’inflation, ont diminué en moyenne de 9%. D’un autre côté, le montant des pensions de retraite a été de 2% supérieur à cet indice en raison de leurs trois revalorisations durant cette année. Tandis qu’en 2021, la pension de retraite moyenne se situait autour de 15 400 couronnes, en septembre dernier elle variait autour de 18 000 couronnes (l’équivalent de près de 720 euros). »
Le site echo24.cz indique qu’outre une valorisation traditionnelle de janvier, les pensions de retraite vont augmenter en 2023 encore au moins deux fois. Une tendance dont l’impact sur le budget de l’Etat, qui est déjà très serré, sera importante. Nombreux sont d’ailleurs les experts qui n’hésitent pas à désigner les retraités comme des ‘gagnants de la crise de l’inflation’.
Un commentateur du site aktualne.cz est plus catégorique encore :
« Les crises pandémique, énergétique et d’inflation ont donné plus d’un exemple de ce que l’aide offerte par l’Etat a été mal gérée. Mais les démarches de l’actuel cabinet en matière de retraites dépassent tout ce qu’on a vu jusqu’ici. Certes, il faut saluer qu’au début de la crise que nous vivons, le gouvernement a voulu aider les personnes âgées. Mais au lieu de se préoccuper de celles socialement faibles, il a préféré ruiner les caisses de l’Etat. Les retombées de plusieurs revalorisations des retraites seront lourdes. »
Volodymyr Zelensky, la personnalité de l’année
« Rarement, le choix de la personnalité de l’année se présente aussi clairement que cette année. Pour le magazine Time, ainsi que pour le journal Financial Times ou le site influent Politico, Volodymyr Zelensky est un choix évident », constate l’éditorialiste de l’hebdomadaire Respekt. Il explique pourquoi :
« A de nombreux égards, le président ukrainien a redessiné l’image qu’on se fait du leader d’un pays. Il a rendu à notre partie de l’Europe une dimension depuis longtemps tombée dans l’oubli. Il est devenu et resté un symbole de la résistance, du courage et d’un combat réussi contre une force très puissante. Si Zelensky n’était pas resté avec son peuple, l’Ukraine aurait du mal à acquérir un soutien aussi considérable que l’Occident lui accorde. Les vidéos qui le montrent dans une rue sombre de Kyiv, accompagné de ses collaborateurs les plus proches, qui dit ‘Nous sommes ici’ vont s’inscrire dans l’histoire. Il a montré à l’Europe qu’il faut s’opposer au mal. Il se peut que Zelensky ne soit pas seulement la personnalité de l’année mais aussi celle de la décennie. »
Le courage et la détermination des femmes ukrainiennes est un autre point que l’éditorialiste de l’hebdomadaire Respekt met en relief dans ce contexte:
« Suite à l’agression russe, près de huit millions de personnes ont quitté l’Ukraine, en grande majorité des femmes et des enfants. Les mères de famille ukrainiennes ont alors emprunté un long chemin pour donner à leurs enfants, dans un milieu qu’elles ne connaissaient pas, la chance de survivre ».
L’Europe s’accorde sur une aide en faveur de l’Ukraine
L’Europe semble aborder l’hiver le plus rude depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Mais plus les températures en Europe chutent, plus les activités diplomatiques visant à accorder une aide à l’Ukraine augmentent. Un constat dont se félicite le chroniqueur du quotidien Hspodářské noviny qui a précisé à ce propos :
« Les pays de l’Union européenne ont fait preuve d’une souplesse peu commune en se mettant d’accord sur une aide financière en faveur de l’Ukraine à hauteur de 18 milliards d’euros, malgré le veto de la Hongrie. Le tout au moment où les retombées de la crise économique commencent à amoindrir la compassion à l’égard des Ukrainiens qui luttent au nom de l’ensemble de l’Europe contre l’agresseur russe. En Tchéquie également, un récent sondage de l’agence CVVM a confirmé l’affaiblissement de l’intérêt de sa population pour les événements en Ukraine, même si la majorité continue à considérer cette guerre comme une menace pour la paix mondiale et pour la sécurité du pays.».
« Les températures basses et les chutes de neige obligent l’Occident à mettre sérieusement à l’épreuve sa capacité de résister à cette guerre d’usure. Le sentiment de sécurité et de confort édifié depuis une trentaine d’années est pourtant ce qui s’use le plus en Europe occidentale ».
Le passé difficile de l’aristocratie tchèque
Il y a quelques jours, Karel Schwarzenberg, ancien chef de la chancellerie présidentielle de Václav Havel et ex-chef de la diplomatie tchèque, a soufflé ses 85 bougies. L’occasion pour plusieurs périodiques de s’intéresser au rôle et à la position de l’aristocratie tchèque dans la récente histoire du pays. Le quotidien Mladá fronta Dnes, par exemple, a raconté :
« Dès la fondation de la Tchécoslovaquie en 1918, l’aristocratie tchèque a été perçue comme un élément étranger dans le corps d’une nation nouvellement ressuscitée. Les titres aristocratiques ont été alors abolis, leur utilisation volontaire ou publique étant passible de sanctions. A la base d’une réforme foncière, près de 30% des terres ont été confisquées au fur et à mesure. Toutefois, le principe civique que l’Etat tchécoslovaque entendait imposer n’a pas amoindri le sentiment patriotique propre à l’aristocratie de Bohême et de Moravie. Plusieurs déclarations de ses membres dans les années de crise 1938 et 1939 en donnent un témoignage éloquent ».
Dès l’accession au pouvoir en 1948, le régime communiste a introduit à l’égard de l’aristocratie des persécutions, cherchant à dénigrer son image aux yeux du public. Point étonnant donc, comme l’indique le journal, qu’encore aujourd’hui, le regard de la société tchèque sur la noblesse demeure assez réticent... Le quotidien Deník N a à ce propos ajouté :
« Evidemment, la situation après l’année 1989 a changé beaucoup de choses, mais des mythes et des clichés persistent. Il suffit de rappeler les tracasseries et les débats houleux au Parlement en lien avec le projet de la restitution des biens aux familles aristocratiques confisqués après l’année 1948. Parmi les figures politiques marquantes de l’époque qui s’y sont opposées on a vu par exemple Václav Klaus, deux fois président de la République. »
Le projet, rappelons-le, a quand même fini par être adopté.
Les joyaux de la Couronne de Bohême exposés pendant la présidentielle
Une récente édition du quotidien Lidové noviny s’est penchée sur certains points qui sont liés à l’exposition des joyaux de la Couronne de Bohême prévue du 17 au 21 janvier à la cathédrale Saint-Guy à Prague et qui provoquent la controverse :
« L’exposition aura lieu la veille du deuxième tour de l’élection présidentielle tout comme il y a cinq ans où elle devait raffermir la position de président Miloš Zeman pour son deuxième mandat présidentiel. La règle non écrite respectée depuis 1993 veut pourtant que cet événement exceptionnel se déroule dès la fin d’une élection présidentielle, pas avant. On peut donc estimer que l’exposition se voudra comme une manière de célébrer le président sortant Zeman au lieu de mettre en relief l’élection de son successeur. »
Lidové noviny signale en outre qu’une messe sera célébrée pour clôturer l’exposition et que c’est pour la première fois depuis l’an 1955 que les joyaux de la Couronne seront montrés au public à la cathédrale. Et si, aujourd’hui, c’est en rappel du 30ème anniversaire de la naissance de la République tchèque que cet événement aura lieu, dans les années 1950 cette exposition a été organisée en hommage de la première Spartakiade tchécoslovaque.