L’année pandémique d’un fromager dans le centre de Prague

Photo: Fransýr

Nouvel épisode de notre série sur une année pandémique en Tchéquie, avec Gaël Dandelot, gérant d’une fromagerie française situé dans le passage Lucerna en plein centre de Prague. A Prague depuis 2003, Gaël s’est lancé dans le commerce en 2010. Mais pour sa dixième année à la tête de la fromagerie, tout ne s’est pas passé comme prévu. Nous lui avons tout d’abord demandé comment il avait vécu cette année pas comme les autres.

« Je l’ai vécu de deux façons différentes au printemps et à l’automne. Au printemps, déjà il y avait une surprise un peu plus importante avec des effets négatifs. Le moment le plus difficile pour le magasin  a été la deuxième quinzaine de mars et le mois d’avril où pendant un mois et demi on a battu des records de non-vente. Il y a donc eu beaucoup de casse mais en même temps avec un peu de compréhension, on s’est dit on va faire le dos rond et on va se débrouiller. Ensuite, on a eu un été qui était à peu près normal, puis les affaires ont commencé à bien reprendre en octobre au moment de la mise en place du deuxième confinement. Qui dit confinement dit encore une fois de la casse, et personnellement je l’ai beaucoup plus mal vécu car on a préféré taper sur les commerçants. »

Avez-vous remarqué un changement de votre clientèle ?

Gaël Dandelot,  photo: Fransýr

« On a le désavantage d’être dans le centre et le centre de Prague est très peu fréquenté. En semaine, les personnes qui venaient souvent, c’était des gens qui sortaient du bureau. Le seul jour qui se maintient à peu près normalement, peut être même légèrement mieux , c’est le samedi car c’est une clientèle qui vient exprès dans le magasin pour trouver des produits qu’ils ne trouvent pas ailleurs. Mais on n’a pas la clientèle de proximité ou bien la clientèle russe qui venait acheter pour ramener en Russie, et qui a aussi disparu. Cette clientèle ne venait pas tout les jours, mais quand elle venait c’était pour des quantités assez importantes, donc ça peut se ressentir. »

Avez-vous eu des problèmes pour l’importation de vos produits ?

Photo: Anne-Claire Veluire

« Aucun problème jusqu’à maintenant. La seule chose, c’est qu’on fait venir des fromages anglais via la France, en début d’année ils avaient du stock, mais là il n’y en a plus et donc ils ne sont pas disponibles. Sinon pour le reste il n’y a pas de souci, et je pense qu’il n’y en aura pas. Même pour le passage des frontières, il n’y a pas de retard, car les produits passent par Munich, puisque l’entreprise de fret les cherche, et nous les ramènent sur Prague. Je pense même que c’est plus simple car il y a moins de monde aux frontières. »

Sentez-vous un soutien de la part du gouvernement ?

Photo: Fransýr

« Il y a très peu d’aide. On pourrait proposer une aide en fonction de la baisse du chiffre d’affaires. Parallèlement à ça on travaille avec des restaurants et des bars à vin car on livre aussi, et la vente a baissé de 80 à 90 %, surtout depuis le mois d’octobre. On a quand même fait passer le message pendant l’été 'c’est bon c’est terminé', alors qu’on savait que l’épidémie allait reprendre à l’automne. A l’arrivée, on se retrouve peu préparé et confiné en catastrophe. »

Quels seront vos projets une fois que la pandémie sera derrière nous ?

Photo: Anne-Claire Veluire

« Il est difficile de se projeter. Pour mon cas personnel j’avais un projet d'ouverture d’un autre magasin depuis quelque temps. Projet, qui était très avancé et qui devait démarrer au printemps pour une ouverture en septembre. J’avais donc besoin d’emprunter un million de couronnes car je n’étais pas capable de le financer complètement. L’idée du magasin est donc toujours en tête mais je ne sais pas si ça se fera dans le local que j’avais pensais. »

Auteur: Kilian Bigogne
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