L’archevêque de Prague bientôt nommé cardinal

Dominik Duka, photo: CTK

L’archevêque de Prague Dominik Duka sera nommé cardinal lors de la tenue du Consistoire à Rome le 18 février prochain. La République tchèque possèdera alors deux cardinaux. Selon Dominik Duka, cette nomination constitue une distinction et un supplément de prestige pour l’Eglise catholique tchèque.

Dominik Duka,  photo: CTK
A 68 ans, le Primat de Prague Dominik Duka sera nommé par le pape Benoît XVI. Cette annonce intervient dans le cadre de la nomination par le souverain pontife de vingt-et-un nouveaux cardinaux. Une douzaine d’entre eux devraient être appelés à Rome à siéger en permanence au sein de la Curie romaine, tandis que les autres continueront à servir dans leurs évêchés respectifs.

La nomination de l’archevêque de Prague au sein de la plus haute hiérarchie de l’Eglise catholique correspond à la confiance suprême du pape. Selon Miloslav Fiala, ancien porte-parole de la conférence des évêques en République tchèque, le choix de Dominik Duka est une suite logique de sa vie et de son œuvre au sein de l’Eglise :

« C’est une issue logique de son mode de vie actuel et de ses principes, quelle qu'ait été sa situation. Sous le régime communiste, il a été ouvrier chez Skoda, interné dans la prison de Bory à Plzeň. Et puis il a été membre régulier du conseil des dominicains, évêque ou archevêque de Prague ; Dominik Duka a donc fait ses preuves. C’est un homme de principe qui insiste sur le respect des traditions. ‘La tradition est un appel’ est d’ailleurs le titre de son dernier ouvrage… Et puis, c’est un homme qui a fait ses preuves auprès des plus hauts représentants de nos gouvernements. Il dégage de la fermeté mais jamais de dureté et proclame que la vérité doit prêcher l’amour. »

Si l’accession à la plus haute dignité ecclésiastique est le fruit d’une vie consacrée à la défense des idéaux et des intérêts de l’Eglise depuis la période socialiste jusqu’à l’annonce de sa prochaine nomination, Dominik Duka rappelle, quant à lui, les liens historiques de l’Eglise catholique dans les pays tchèques :

Dominik Duka
« Je considère cette nomination comme un honneur rendu à la vie et au travail de l’Eglise catholique tchèque mais également de la nation tchèque, puisque les deux sont historiquement liées. Je suis le deuxième cardinal de la République tchèque, mais nous avons déjà eu par le passé de nombreux cardinaux dans les pays de la couronne de Bohême. L’un d’entre eux, Jan Očko z Vlašimi, a même été candidat au siège pontifical. Je pense que c’est une reconnaissance de mes prédécesseurs de la période de la République – les cardinaux Kašpar, Beran, Tomášek et Vlk. Cela montre que l’Eglise s’efforce de jouer un rôle positif au sein de notre nation, et c’est un service pour toute la société. »

Lourdement persécuté durant la période communiste, Dominik Duka a été proche de la dissidence tchèque. Sa rencontre, au début des années 1980, avec Václav Havel a d’ailleurs eu lieu lorsque les deux hommes partageaient la même cellule dans la prison de Bory à Plzeň. C’est en outre Dominik Duka qui a prononcé une vibrante oraison funèbre lors de l’enterrement de l’ancien dissident et président, le 23 décembre dernier.

Depuis la chute du régime socialiste et la fin des persécutions à l’encontre des membres du clergé, Dominik Duka a œuvré à la consolidation des positions de l’Eglise en République tchèque tant dans sa dimension morale que matérielle. L’annonce de cette nomination intervient à un moment crucial pour l’Eglise catholique puisque les discussions sur la restitution aux églises du pays des biens confisqués par l’Etat sous le régime communiste constitue l’un des principaux dossiers gouvernementaux en ce début d’année.