L’archevêque de Prague Dominik Duka a été fait cardinal
Le pape Benoît XVI a désigné samedi 22 nouveaux cardinaux, portant à 213 le nombre total de ces plus hauts dignitaires de l’Eglise catholique et proches conseillers du Saint-Père. Parmi ces nouveaux cardinaux, l’archevêque de Prague, Dominik Duka, deux ans seulement après sa nomination à la tête de l’Eglise tchèque.
Pour le principal intéressé, Dominik Duka, cette nomination est fortement symbolique :
« C’est un geste d’amitié historique vis-à-vis de notre république. D’ailleurs il faut noter que le Vatican a fait partie des premiers pays à ne pas reconnaître les Accords de Munich. Ensuite, c’est un message qui nous montre que la vie de notre Eglise en République tchèque et mes actes sont reconnus par le Saint-Père. »
A noter toutefois que cette nomination ne fait pas nécessairement l’unanimité. Parallèlement à l’intronisation du nouveau cardinal, une vingtaine de personnes a protesté, samedi, sur la place du Château de Prague, contre l’engagement politique de Dominik Duka. Les organisateurs de la manifestation, des chrétiens, reprochent à Dominik Duka de sympathiser avec le président tchèque Vaclav Klaus et de partager la position eurosceptique de celui-ci, où encore de soutenir les réformes gouvernementales. Pour l’historien de l’Eglise, Jaroslav Šebek, la nomination de Dominik Duka a un sens large pour la République tchèque, dont on dit qu’elle est le pays le plus athée d’Europe :« Ce qui est important à coup sûr, c’est que le point de vue du Vatican, du Secrétariat d’Etat du Vatican sur l’Eglise tchèque est en train de changer. Je dirais que le pape a montré que pour lui notre Eglise est très importante parce qu’il n’est pas du tout courant que nous ayons deux cardinaux ayant le droit de vote. D’autre part, Dominik Duka a été nommé en avril 2010 archevêque. Donc sa nomination en tant que cardinal arrive très peu de temps après. Cela ne s’est jamais passé dans l’histoire de notre Eglise. »
A 69 ans, Dominik Duka sera en effet fort probablement appelé à voter pour choisir le successeur de Joseph Ratzinger en cas de conclave. Une hypothèse plus que probable car si en théorie, le pape est élu à vie, Benoît XVI a annoncé l’an passé dans un livre qu’il pourrait devenir le premier souverain à quitter son ministère depuis Célestin V en 1294 s’il ne se sentait plus capable d’assumer ses fonctions « physiquement, psychologiquement et spirituellement ».En tout état de cause, l’agenda et la mission de Dominik Duka change à partir d’aujourd’hui, comme le souligne l’historien Jaroslav Šebek :
« Il est clair que désormais il ira beaucoup plus souvent au Vatican pour consulter avec le pape les grandes décisions liées, non seulement à l’Eglise tchèque, mais aussi à l’Eglise européenne. Je pense que c’est très important : à l’heure actuelle, nous sommes témoins de changements dramatiques. Il suffit de regarder le débat autour de l’avenir de l’Union européenne. A ce sujet, le Vatican estime que l’Eglise interviendra de plus en plus sur cette question. »
Pour l’heure, le nouveau cardinal se fixe plusieurs missions, dont l’une d’entre elles est « la nouvelle évangélisation », c’est-à-dire : présenter et promouvoir l’Eglise afin que celle-ci soit compatible avec la manière de penser actuelle.