L’armée tchèque, hier et aujourd‘hui
Actuellement, des soldats tchèques sont déployés au bout du monde dans le cadre des opérations internationales de maintien de la paix. Les formations militaires sont dispensées à la base d’entraînement de Cesky Krumlov, créée en 1991. Focus, aujourd’hui, sur une histoire de l’armée tchèque.
Les Tchèques sont pacifiques et lâches ! Voilà le genre de stéréotype qui a longtemps prévalu au XXe siècle, chez des voisins apparemment plus turbulents comme les Polonais et les Hongrois. Jalousie de pays moins riches aimant à pousser la caricature d’un pays bourgeois et frileux ? Le trait sera renforcé par l’immobilité des troupes tchèques lors de la crise de Munich, en 1938.
D’emblée, il faut balayer cette idée simpliste et fausse. Tempérament calme – si tant est que l’on puisse généraliser – ne saurait être synonyme de lâcheté. Les faits démentent facilement ce genre d’accusation. Citons les exploits de la Légion tchécoslovaque combattant les Soviets en Russie et qui faillit bien mettre à bas la Révolution. Evoquons également les parachutistes tchèques qui s’étaient sacrifiés pour supprimer, en 1942, le Reichsprotektor de Bohême-Moravie, Reinhard Heydrich. On pourrait encore parler de la libération de Prague par les Pragois en mai 1945, qui a fait 1 700 victimes. Et puis comment ne pas penser aux aviateurs tchèques engagés dans la bataille d’Angleterre aux côtés des Alliés en 1940 ? La liste n’est pas exhaustive...
Et si l’on parle de 1938, rappelons quelques faits trop souvent occultés. Les situations françaises et tchécoslovaques ont de nombreux points en commun. Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, l’armée française passait pour la meilleure du monde. De même, on sait, par les archives de la police politique allemande, qu’à la veille de Munich, les Allemands de la frontière étaient tout simplement effrayés à l’idée d’une guerre avec la Tchécoslovaquie. Et pour cause, le pays possédait l’un des plus gros potentiels d’armement de la région.Tout n’était pas joué en 1938, loin s’en faut ! Même en 1939, l’armée allemande n’était pas vraiment prête pour la guerre qu’elle envisageait. On peut même imaginer que les armées françaises et tchécoslovaques réunies et bien dirigées, auraient pu encore, en 1938, et malgré leurs lacunes, vaincre l’armée allemande.
Un scénario qui aurait été logique vu l’état d’étroite imbrication des états-majors français et tchécoslovaques pendant les années 20. A la base, une initiative de Masaryk, suite aux défaites des Légionnaires face aux conseils révolutionnaires hongrois. Présente depuis 1919 en Tchécoslovaquie et dirigée par les généraux de division Pellé et Mittelhauser, la Mission militaire française devient, en 1926, le principal conseiller pour l’organisation et l’entraînement de l’armée tchécoslovaque. Les officiers français sont profondément intégrés dans la structure militaire et certains y occupent même de très hautes fonctions : commandeurs territoriaux, chefs de division. Ce sont en tout 200 officiers français, qui occuperont des postes dans l’armée tchécoslovaque. Le lâchage de Munich n’en sera que plus amer !
Aujourd’hui, la République tchèque est présente sur de multiples théâtres d’opération dans le monde. Mais elle refuse tout découplage entre l’OTAN et l’Union Européenne. La sécurité au premier et la politique au second. Pourtant, à entendre les grands principes de la politique étrangère tchèque, la sécurité apparaît comme une priorité. Le souvenir du Pantocrator russe est encore vif ! Ainsi, le pays s’est engagé en Afghanistan et en Irak aux côtés des Etats-Unis, au grand dam de la France. Une centaine de membres de la police militaire tchèque participe à la formation des policiers irakiens.
Depuis 1990, près de 13 500 membres des forces armées tchèques ont participé à 25 missions dirigées par les Nations Unies, l’OSCE ou l’OTAN. Le premier déploiement a eu lieu dans l’ex-Yougoslavie en 1992, dans le cadre de la Force de protection des Nations Unies. Au total, près de 9500 militaires tchèques et jusqu’à 1100 casques bleus présents sur le terrain, soit le déploiement extérieur le plus important de l’histoire du pays.
La République tchèque s’est particulièrement distinguée dans le domaine de la lutte contre les armes de destruction massive. Le pays dispose d’une solide expérience en la matière. Durant les années 1990, une unité tchèque spécialisée dans la lutte contre les armes chimiques a opéré en Irak dans le cadre des opérations de l’ONU. Depuis 2002, la République tchèque a pris la direction du Bataillon multinational de défense chimique, biologique, radiologique et nucléaire de l’OTAN. Avec son quartier général à Liberec, dans le nord de la Bohême, ce Bataillon doit répondre à l’ensemble des menaces dans le domaine des armes de destruction massive. Espérons qu’elle n’aura jamais à devenir opérationnelle !