Missions à l’étranger : moins de soldats tchèques, mais toujours les mêmes priorités
La République tchèque prévoit de déployer moins de soldats dans les missions dans lesquelles elle est engagée à l’étranger ces deux prochaines années. Lundi, le gouvernement a adopté le plan qui définit les pays dans lesquels l'Armée tchèque opérera en 2021 et 2022. Face aux menaces du terrorisme, de la migration illégale et de la volonté d’hégémonie russe, l’Afghanistan, le Mali, l’Irak et les pays baltes resteront les priorités.
Après une année 2019 au cours de laquelle a été célèbré le vingtième anniversaire de son adhésion à l’OTAN, un tournant forcément pour les pays de l’ancien bloc communiste, la première moitié de 2020 est marquée par deux événements importants dans l’histoire de l’engagement tchèque à l’international.
Fin mars tout d’abord, la mission de surveillance de la base aérienne de Bagram, dans l’est de l’Afghanistan,, a touché à son terme. Depuis 2013, quelque 2 000 soldats tchèques s’étaient relayés dans la province de Parvan.
Ensuite, à compter du 12 juin, le général de brigade František Ridzák prendra le commandement tournant de la mission de formation de l’Union européenne au Mali. Ainsi, pour la première fois, l’Armée tchèque, qui prendra le relais du Portugal, assurera la gestion d’une mission internationale. Mieux même, ce sera aussi la première fois qu’une opération militaire sur le sol africain sera dirigée par un officier d’un pays d’Europe centrale.
Actuellement, 150 soldats tchèques se trouvent au Mali. Outre la mission de formation de l’UE, ils opèrent également dans le cadre de la Mission multidemensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA). En 2021 et 2022, leur nombre devrait être légèrement revu à la baisse (135).
Il devrait en être de même en Afghanistan, où l’Armée tchèque est engagée depuis de nombreuses années. Malgré donc la fin de la mission à Bagram mais aussi l’accord signé en février dernier entre les Etats-Unis et les Talibans, accord qui vise à ramener la paix dans le pays et prévoit notamment le retrait des forces alliées dans les prochains mois, des médecins à l’hôpital de campagne situé sur la base de Kaboul ainsi que des unités chargées de la formation et de l’entraînement des forces spéciales afghanes continueront de représenter la République tchèque. Leur nombre total ne devrait toutefois plus s’élever qu’à 205 (contre 390 cette année).En Irak également, où l’Armée tchèque participe à des missions de formation des policiers et de spécialistes des armes chimiques, les effectifs devraient passer de 110 soldats à 80. Toutefois, en avril, tous ceux qui opéraient en Irak ont été retirés provisoirement en raison de la détérioration de la situation et des menaces sécuritaires trop importantes.
Au total, l’envoi de 851 soldats est prévu pour l’année prochaine par le ministère de la Défense, puis d’une centaine supplémentaire en 2022, avec un budget annuel en baisse qui devrait être légèrement inférieur à deux milliards de couronnes (près de 75 millions d’euros). A titre de comparaison, jusqu’à 1 096 soldats peuvent être déployés à l’étranger cette année, même si leur nombre sur le terrain est en réalité inférieur.
Approuvé par le gouvernement, ce plan pour 2021 et 2022 doit désormais être adopté également par les deux chambres du Parlement. A noter qu’il ne tient pas compte de l’envoi d’une soixantaine de soldats supplémentaires, membres des unités spéciales, au Sahel où ils contribueront à la lutte contre les groupes islamistes radicaux au Mali, au Tchad et au Niger. Validé par le gouvernement en janvier dernier, cette participation à l’opération Barkhane en collaboration notamment avec la France doit là aussi encore recevoir l’aval du Parlement.
« Nous voulons continuer à opérer là où nous opérons jusqu’à présent, seulement avec des effectifs un peu moins importants », a confirmé le ministre de la Défense Lubomír Metnar sur son compte twitter, lundi, à la sortie du conseil des ministres. Selon lui, cette participation régulière protège la République tchèque du terrorisme et de la migration illégale.Un enjeu qui diffère de celui de l’engagement dans les pays baltes, où 290 soldats tchèques opèrent actuellement, concrètement en Lituanie et en Lettonie, et ce dans le cadre de deux des quatre missions menées par l’OTAN, qui depuis 2017 a renforcé sa présence sur le front est de son territoire, dans une zone de l’Europe géopolitiquement très sensible, pour dissuader toute éventuelle attaque russe. Une menace que l’on considère à Prague au moins aussi importante que celle du terrorisme international.