L’Art déco à l’honneur au Salon des antiquaires de Prague

Le 26e Salon des antiquaires a ouvert ses portes, ce jeudi, à l’Hôtel de la Nouvelle ville de Prague. 59 exposants de toute la République tchèque y présentent ce qu’ils ont trouvé de meilleur sur le marché local des antiquités.

C’est sous les voûtes des salles historiques et dans les couloirs sinueux de l’Hôtel de la Nouvelle ville de Prague qui domine la place Charles (Karlovo náměstí) que se donnent rendez-vous les antiquaires et les brocanteurs de toute la République. Ils étaient très nombreux à vouloir se présenter à ce Salon et, faute de place, l’Association des antiquaires tchèques, qui organise la foire, a été obligée de refuser un certain nombre de demandeurs. Le thème principal de ce 26e Salon est l’Art déco, style qui pendant deux décennies au début du XXe siècle a marqué surtout l’architecture et le design. Présidente de l’Association des antiquaires, Simona Šustková explique pourquoi justement ce style :

Photo: Alma antik
« Nous avons opté pour l’Art déco parce que c’est un style qui s’est imposé malgré la crise économique des années 1920. Et comme on parle actuellement aussi beaucoup de la crise qui frappe le monde entier, nous aimerions attirer l’attention du public sur le fait que cette époque, qui a été également bien difficile, nous a laissé des choses somptueuses. C’est pourquoi nous avons choisi ce thème. »

Photo: Alma antik
Ce n’est pas seulement la crise économique qui complique la situation des antiquaires tchèques. Un des grands problèmes du marché des antiquités est la falsification d’œuvres et d’objets anciens. D’après Simona Šustková, les organisateurs du Salon cherchent à minimiser la possibilité que des faux soient exposés à leur foire :

« Nous nous adressons d’abord à nos exposants et les mettons en garde. Nous les exhortons à éviter les faux et à ne pas les exposer ici. Ils s’efforcent donc tous de faire le tri et de ne pas présenter à la foire des objets douteux. Et nous avons encore une garantie en plus. Il y a une commission composée de spécialistes qui examine minutieusement les objets exposés avant le début de la foire. Quand il y a des doutes sur tel ou tel objet, nous demandons à l’antiquaire de le retirer de l’exposition. »

Parmi les premiers visiteurs du Salon il y a eu le directeur de la Galerie nationale, Milan Knížák. Artiste épris de modernité, Milan Knížák ne cache pourtant pas son faible pour les choses anciennes :

«J’ai la mentalité d’un brocanteur, d’un chineur, j’adore collectionner les choses. J’ai un don, une passion pour cela. Ces vieilles choses sont pour moi la mémoire, le passé. Et sans le passé je n’arrive pas à imaginer le présent et l’avenir. Cela veut dire que pour moi c’est un monde qui s’en va et qui existe en même temps, et je m’amuse beaucoup à recevoir les impulsions venant du passé. »

La crise et le régime d’austérité se font sentir également dans les possibilités financières de la Galerie nationale, institution qui abrite la collection d’art la plus importante de République tchèque. Milan Knížák n’est donc pas venu au Salon pour acheter de nouvelles œuvres :

«Malheureusement, en ce moment cela ne peut pas arriver. La Galerie nationale n’a pas d’argent. Notre gouvernement a décidé de faire des économies. L’argent que nous recevons de nos sponsors pour de nouvelles acquisitions est donc très sévèrement réparti. Si je trouvais donc quelque chose de vraiment exceptionnel, je serais obligé de négocier avec le brocanteur pour une éventuelle remise de paiement, mais je ne suis pas optimiste dans ce sens. »

La crise ne décourage pas cependant les amateurs d’antiquités qui ont envahi en grand nombre dès l’heure d’ouverture l’Hôtel de la Nouvelle ville de Prague. Si vous aimez les vieilles choses, vous pouvez faire comme eux jusqu’à dimanche 14 novembre.