Laurent Garnier à la rencontre du public tchèque.

Laurent Garnier

Laurent Garnier, pionnier des musiques électroniques en France, s'est produit pour la première fois à Prague, le jeudi 11 octobre. Habitué à faire danser des milliers de personnes, il a pu profiter d'une atmosphère plus intime dans la salle de concert du Palac Akropolis, à Zizkov. Il était donc l'invité de marque du Festival Move 2007, qui, au-delà des concerts, veut développer la collaboration et la promotion des scènes tchèques et françaises. Rencontres avec Fernando Ladeiro-Marques, créateur des Euroconnections, et, évidemment, Laurent Garnier.

Fernando Ladeiro-Marques est le directeur de la communication du Printemps de Bourges et le créateur des Euroconnections. Il s'investit donc dans un nouveau projet, le festival Move :

« C'est un festival qui fait suite aux Euroconnections, qu'on a montés en 1998 avec Jaroslav Rauser et l'Akropolis, en collaboration avec l'Institut français, qui a été un partenaire de choix depuis le début. L'idée était d'amener, tous les mois, à Prague, des artistes français, des artistes européens - le pays européen changeait chaque mois - et des Tchèques. Au bout de six ans de ce travail, avec un certain succès puisque le public tchèque ne connaissait pas du tout les artistes français voire européens et qu'il a commencé à les découvrir et à les apprécier, on s'est dit qu'il était peut-être temps de passer à la vitesse supérieure avec un festival. C'est donc la création de Move il y a trois ans, avec la même idée de faire venir autour d'artistes tchèques des artistes de France et d'Europe. »

Vous organisez des séminaires ou des « masterclass » : c'est la première année que vous faites ça ?

"Tout à fait, c'est la première année. On a fait venir Alain Osowski, qui est le directeur adjoint du Studio des variétés, qui est à Paris un des lieux les plus connus pour ce genre de choses. On va donc auditionner plein de groupes tchèques et voir avec eux ce que l'on peut améliorer, travailler avec eux. L'idée est vraiment de développer ce genre de collaboration dans le futur. »

Le but aussi est-il aussi de promouvoir une scène tchèque en France ?

« En France, ça y est. Je travaille sur le Printemps de Bourges à Paris et sur Europavox à Clermont-Ferrand. On a accueilli Sunshine et Khoiba, mais également sur d'autres festivals à l'étranger, à Budapest, à Barcelone, à Dublin, à Lisbonne. On a eu des gens comme Sunshine, comme Skyline, qu'on aide à exporter et à être présent sur d'autres marchés que sur le marché tchèque. »

Laurent Garnier, tête d'affiche du festival, a offert pendant ce temps-là un spectacle complet. Il nous explique comment il prépare ses « lives » avec ses musiciens :

« On va construire les morceaux, ils connaissent souvent les ambiances des débuts mais ce ne sont souvent que des ambiances. Ils connaissent les thèmes par coeur mais ils ne savent jamais où les jouer. C'est toujours moi qui les dirige, et on essaye de construire ensemble et d'inventer. Après les thèmes, ils ont de grands moments de liberté et ils vont complètement improviser. Chacun part dans son truc, sans que personne essaye de tirer la couverture sur lui. Donc c'est vraiment essayer de jouer tous ensemble et de construire des choses ensemble. Des fois c'est « casse-gueule » et des fois ça marche. Comme ce soir, ça a bien marché ».

En effet, le DJ a semblé très enthousiasmé par sa rencontre avec le public pragois :

« C'est génial, c'est un public incroyable. Moi, on m'a toujours dit que Prague, c'était très bien, je n'étais encore jamais venu. Et là, ça a prouvé beaucoup plus que ce que je pensais. Je m'attendais à un bon public, mais là, c'est assez incroyable. J'avais un peu l'impression de me retrouver en Irlande ou en Ecosse, qui sont deux pays où l'on peut expérimenter avec les gens, où les gens suivent et ne sont pas là pour t'ennuyer à te dire « il faut que ça tape, envoie !! ». On est là pour faire de la musique, pour partager des moments avec les gens dans la salle, et je crois que dès le premier morceau, qui est quand même super lent, qui n'est pas facile et qui est long en plus, j'ai eu l'impression de les avoir. Les gens étaient heureux, tout le monde souriait, les gens fermaient les yeux et ils avaient l'air super content. C'est assez unique, c'est rare, et c'est un public rare. »