L'Autriche durcit sa campagne contre la centrale nucléaire de Temelin
L'Autriche a décidé de compliquer à la République tchèque le chemin de l'Union européenne. La déclaration de mardi du cabinet de Vienne, la plus grave jusqu'à présent, indique que si Prague mettait en service la centrale nucléaire de Temelin avant que sa sécurité ne soit examinée selon les normes occidentales, Vienne bloquerait les négociations d'entrée de la Tchéquie à l'Union européenne. Jaroslava Gissubelova pour plus d'informations:
La déclaration du chef de cabinet autrichien, Wolfgang Schüssel, est la première d'une telle sévérité ; elle laisse officiellement entendre que l'Autriche ne dira pas son oui à la clôture du chapitre énergétique, tant que les normes de sécurité occidentales ne seront pas réunies dans le cas de Temelin. La déclaration vient au moment où l'activation du combustible dans la première section de Temelin est une question de deux ou trois semaines. La demande de Vienne est d'autant plus incompréhensible que la centrale de Temelin répond aux normes de sécurité courantes dans les pays de l'Union. Il est dans le plus grand intérêt de la Tchéquie qu'elle y réponde, assure le chef de la diplomatie tchèque, Jan Kavan. L'attitude de Vienne a suscité aussi une réaction immédiate du Président Vaclav Havel. Selon lui, l'énergie nucléaire ne devrait pas être liée à l'élargissement de l'Union, d'autant que cette dernière ne possède aucune convention interdisant la construction de centrales nucléaires.
Par quoi, exactement, le cabinet autrichien conditionne-t-il son accord avec la mise en service de Temelin? En premier lieu, par une évaluation internationale de la sécurité de la centrale conformément aux normes courantes dans les pays de l'Union européenne. Or, une norme nucléaire unique, valable pour les centrales atomiques dans les pays des Quinze n'existe pas. Chaque pays utilise ses propres normes. C'est un fait que les Autrichiens seront contraints de reconnaître. Un système unique ne peut être élaboré ni dans un mois, ni dans un an. N'empêche que l'opposition de Vienne à la mise en service de Temelin continue. Un blocage des points de passage frontière tchèques est prévu pour ce samedi. La centrale tchèque risque de diviser aussi la coalition gouvernementale autrichienne. Les Libéraux refusent d'admettre la personne d'Erhard Busek au poste de délégué gouvernemental aux affaires de l'élargissement de l'Union européenne. La raison en est la déclaration univoque de Busek selon laquelle l'Autriche ne liera pas l'entrée de la Tchéquie à l'Union européenne aux Décrets Benes. La question se pose de savoir jusqu'où le différend sur la centrale nucléaire tchèque peut aller.