L’avenir du radar américain en Tchéquie de plus en plus incertain
La construction du radar qui devrait constituer la partie tchèque du bouclier antimissile américain en Europe centrale est au point mort. Deux accords fondamentaux ont été signés entre la Tchéquie et les Etats-Unis, mais ils n’ont pas été ratifiés par le Parlement.
La Chambre des députés tchèques n’examinera pas les accords tchéco-américains sur l’implantation du radar dans les monts Brdy, au sud-ouest de Prague, d’ici aux élections législatives anticipées qui doivent avoir lieu en octobre prochain. Ceci a été confirmé le 19 mai par le ministre des Affaires étrangères, Jan Kohout, qui a affirmé dans une interview pour le quotidien Lidové noviny : « Le radar ne fera pas partie de l’agenda de ce gouvernement. La question de la défense antimissile sera du ressort du gouvernement qui sortira des élections législatives. Cela fait partie des tâches déterminées pour notre gouvernement par l’accord entre le Parti civique démocrate et la sociale-démocratie ». Rappelons à ce sujet que le gouvernement de Mirek Topolanek qui a été contraint à la démission, a arrêté l’examen des accords sur le radar par les députés en mars dernier parce qu’il ne disposait pas d’assez de voix pour les adopter. Par contre, le Sénat s’est prononcé pour leur ratification en novembre 2008 déjà. L’avenir du radar en Tchéquie s’assombrit aussi du côté américain où une étude réalisée par le EastWest Institute, un groupe de douze spécialistes militaires et académiciens, révèle après un an de travaux intenses, que le bouclier antimissile ne sera d’aucune efficacité. Le groupe recommande à l’administration du président Obama de revoir encore sa décision sur cette question. En Tchéquie, l’abandon du projet suscite quelques craintes dans la région des monts Brdy. En effet, les localités concernées devraient bénéficier d’un riche dédommagement de la part de l’Etat. Pour certaines municipalités ce manque à gagner pourrait nuire à leur développement, comme l’explique le maire de la commune de Spálené Poříčí, Pavel Čížek :
« Certaines communes, comme nous, ont commencé à construire des réseaux de distribution d’eau potable et elles ne disposent pas des moyens financiers qui leur ont été promis. Il serait vraiment dommage que le projet ne soit pas réalisé.»Pourtant, le ministre de la Défense, Martin Barták, vient de décider de la liquidation des barbelés qui protégeait la cote 718 où doit être édifié le radar, à la suite de l’occupation de l’endroit pendant six semaines, l’été dernier, par les activistes de Greenpeace qui protestaient contre le construction du radar. Les habitants des communes concernées se sont aussi exprimés contre. Sur la scène politique, les sociaux-démocrates et les communistes refusent l’implantation du radar américain, mais aussi certains membres d’autres formations politiques et les 2/3 de l’opinion publique.