Greenpeace occupe toujours le terrain militaire où pourrait être installé le radar américain

Photo: CTK

Depuis dix jours, une quinzaine de militants et volontaires de l'ONG Greenpeace ont installé leur campement sur la cote 718 du cadastre, dans la zone militaire de Brdy, à une petite centaine de kilomètres au sud-ouest de Prague. Soutenus par la population locale, ils veulent ainsi montrer leur hostilité au projet de radar américain et de bouclier antimissile dans son ensemble. Reportage.

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Il faut environ une demi-heure de marche à travers la forêt pour atteindre le campement. Une demi-heure avec de courtes pauses, pour s’assurer grâce aux téléphones portables que la voie est libre. Mais les patrouilles de la police militaire sont plutôt rares et ont pour consigne de seulement contrôler les papiers d'identité.

Nous arrivons donc sans problème jusqu’à la fameuse cote 718, la parcelle de terrain choisie par les experts pour accueillir le radar américain. La parcelle que Greenpeace a choisi d’occuper pour marquer son opposition à ce projet. Jan Piňos dirige cette nouvelle campagne :

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« Le principe fondateur de Greenpeace est d’apporter un témoignage sur les endroits qui sont menacés. Cela fait 37 ans que Greenpeace tente d’apporter son témoignage de manière médiatique et compréhensible. On est ici parce que cet endroit représente pour nous un carrefour de notre histoire, si on choisit le radar et la course aux armements ou si on choisit la diplomatie. Un carrefour pour la République tchèque, pour l’Europe et même pour le monde. »

Les activistes terminent la construction d’un pont en bois sur la parcelle, un pont censé symboliser l’amitié entre les peuples. Et il n’y a pas que des Tchèques parmi la dizaine présente ce mardi sur la cote 718. Un étudiant autrichien qui se fait appeler Tom-Tom vient d’enfiler son baudrier pour grimper dans les arbres et accrocher une grande banderole en forme de cible qui est tombée la veille à cause du vent :

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« Je suis vraiment très très content que nous fassions à nouveau ce genre d’actions pour la paix. Parce que Greenpeace a été fondé pour la paix. Je suis chez Greenpeace depuis un an environ en Autriche, et je n’ai fait pour l’instant que des actions pour l’environnement. C’est ma première pour la paix et je suis content que Greenpeace se soit à nouveau focalisé sur le côté pacifiste. »

Une grande tente un peu plus bas, prêtée par les scouts, sert de quartier général. Aujourd’hui, les activistes sont high-tech : portables, panneau solaire et réseau Wi-Fi bricolé leur permettent d’être en ligne. Dans le village de Míšov, un jeune couple opposé au radar américain leur a proposé leur villa comme base arrière. Les habitants des environs leur apportent même de la nourriture, ça rappelle à Jan Piňos la solidarité qu’il a connue après 1989 :

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« Il nous prête des tentes, nous apporte à manger, nous prête des outils. On sent un soutien important de la part des locaux, cela donne un sens à notre action. Nous savons que 35 communes voisines sont contre le radar et ne se sont pas laissés corrompre par les promesses d’argent du gouvernement. »

Pour l’heure, pas question de lever le camp, et le ministère de la Défense dit vouloir prôner une solution non-conflictuelle. Jeudi, jour férié et symbolique, une fête est prévue sur la cote 718, et plusieurs politiciens ont été conviés. La ministre de la Défense a décliné l’invitation, précisant qu’elle croyait que Greenpeace était une ONG à but écologique, non politique.