Partagées et prévisibles : telles sont pour la plupart les réactions des hommes politiques tchèques à l’annonce du président américain Barack Obama de l’abandon du projet de bouclier antimissile américain en Europe centrale. Le ton de certains journaux tchèques fait croire que la Tchéquie, voire l’Europe centrale, a de quoi s’inquiéter désormais.
« Il n’y aura pas de radar. La Russie a gagné », titre le quotidien le plus lu dans le pays, Mlada fronta Dnes. Son éditorial écrit en introduction : « la Russie a pu célébrer sa plus grande victoire internationale depuis l’éclatement de l’URSS, il y a vingt ans ».« Obama a capitulé devant le Kremlin », titre de son côté dans son édition de ce vendredi le quotidien Lidove noviny. Même si l’interprétation de la décision américaine, qui a été communiquée jeudi à la partie tchèque, est plus nuancée dans le reste des médias, la crainte de la Russie se présente pourtant comme un fil rouge d’une grande partie des commentaires à ce sujet.
Jan Fischer et Jan Kohout, photo: CTK
Au cours de la journée de jeudi, la partie américaine a cependant tenu à plusieurs reprises à assurer ses partenaires tchèques que la sécurité dans l’espace de l’Europe centrale ne serait pas vulnérabilisée par cette démarche. Plus encore : elle a assuré de sa volonté de les impliquer dans ses futurs plans stratégiques, et ce tant par la bouche de son ministre de la Défense, Robert Gates, que lors des entretiens que le chef de la diplomatie tchèque, Jan Kohout, a eus avec une délégation américaine venue à Prague. C’est d’ailleurs une des questions à soulever lors de la visite que le ministre tchèque de la Défense, Martin Barták, entame à Washington.
Photo: CTK
Pas de grande surprise, nous l’avons dit, en ce qui concerne l’attitude des hommes politiques tchèques à l’égard de la décision américaine d’abandonner le bouclier antimissile en Europe centrale. Celle-ci est saluée par les Verts, les communistes et surtout par les sociaux-démocrates, leur leader Jiri Paroubek la considérant comme« une victoire du peuple tchèque ». La droite, elle, ne cache pas sa déception. L’ex-ministre en charge des Affaires européennes, Alexandr Vondra, qui défendait farouchement le radar en affirmant que « céder aux néo-impérialistes russes serait une grande erreur », n’a pu que constater :
« Il semble que l’administration du président Obama ait décidé de miser sur les négociations avec la Russie et le dialogue avec l’Iran. Si ce dialogue apporte ses fruits, alors bon, nous ne pourrons que nous féliciter de ce que la position lisible, claire et transparente de la partie tchèque ait contribué à ce résultat. »
En réaction à la décision américaine, le président de la République Václav Klaus a dit que celle-ci ne signifiait en aucun cas un refroidissement des relations entre les deux pays. Et le Premier ministre Jan Fischer d’assurer que les Etats-Unis continuaient de considérer Prague comme un de leurs partenaires privilégiés.