Le 28 octobre sous la houlette de Miloš Zeman
L’ancien président Václav Klaus, le photographe Jan Saudek, le hockeyeur Jaromír Jágr, le développeur du véhicule Škoda Favorit Petr Hrdlička ou encore le pilote de motocross freestyle Libor Podmol : ces hommes figurent parmi les 42 personnalités tchèques et étrangères qui ont reçu, lundi, des décorations nationales des mains du président Miloš Zeman. C’est par cette cérémonie traditionnelle, organisée dans le beau cadre médiéval du Château de Prague, qu’ont culminé les festivités du 28 octobre, date à laquelle est célébrée l'indépendance de la Tchécoslovaquie.
« Je souhaite à la République tchèque qu’elle ne soit pas envahie par la jalousie et la haine, cette haine souvent pathologique qui est diffusée sur les réseaux sociaux. Je lui souhaite du succès. »
C’est par ces mots que le chef de l’Etat, a terminé son discours à l’occasion de la fête nationale tchèque, un discours que Miloš Zeman a prononcé assis, en raison de douleurs aux jambes, et sur un ton plus conciliant que d’habitude, selon les médias nationaux. Ceux-ci ont toutefois remarqué l’absence à la cérémonie de certains politiciens et représentants des institutions qui ont exprimé, ces derniers temps, des critiques à l’égard du président Zeman : ainsi, le vice-président de la Chambre des députés et leader du parti ODS Petr Fiala, ainsi que les représentants d’autres partis de l’opposition, ou encore le procureur général de la République Pavel Zeman ne figuraient pas sur la liste des invités. Le moment le plus émouvant de la cérémonie est survenu lorsque le maître-chien Tomáš Procházka, tué il y a un an dans un attentat en Afghanistan, a été décoré de la Médaille pour acte de courage à titre posthume. Le père du soldat était alors accompagné, sur le podium, par Doky, le chien qui a effectué la mission en Afghanistan avec son maître.La presse tchèque remarque qu’hormis les héros militaires, scientifiques ou sportifs, le président a une nouvelle fois récompensé de nombreuses personnes qui font partie de ses amis, sympathisants et complices. On trouve parmi eux le journaliste Petr Martan, lié au parti Zemanovci, ou encore des entrepreneurs, tels que Vladimír Plašil propriétaire d’entreprises de construction mécanique qui exportent notamment en Russie ou encore le cinéaste Emir Kusturica, diplômé de l’école de cinéma de Prague qui représente selon Miloš Zeman « un lien entre la République tchèque et la Serbie ». Avocat, mécène et président de la Chambre de commerce tchéco-israélienne, proche du Premier ministre Andrej Babiš, Pavel Smutný est une autre personnalité récompensée dont l’engagement ne plaît pas à tout le monde, notamment en raison de sa collaboration avec la police secrète communiste, révélée ces jours-ci par les médias et partiellement confirmée par Pavel Smutný en personne.
« Pour le président de la République, la remise des décorations nationales n’est qu’une manière de mener sa politique, seulement par d’autres moyens », constate ainsi le quotidien économique Hospodářské noviny. Ce constat n’est pas valable uniquement pour la remise des médailles : le jour de la fête nationale, Miloš Zeman a refusé, pour la quatrième fois, d’accorder le statut de général au chef des services de renseignements nationaux (BIS) Michal Koudelka.Récompensé, en mars dernier, par la CIA, Michal Koudelka avait entre autres contribué au récent démantèlement d’un réseau d'espionnage financé par l'ambassade de Russie à Prague. Suite à cette annonce, le président Miloš Zeman lui avait recommandé de s’occuper plutôt de la criminalité économique en Tchéquie que « de la chasse fictive aux espions russes et chinois. »