Le charme vertigineux de la musique de Vêpres
C’est un office reconstitué de Vêpres qui a été présenté, lundi, à l’église Saint-Martin de Prague. Grâce à l’ensemble Les Traversées baroques, le public pragois a eu l’occasion de connaître une série d’oeuvres sacrées du XVIIe siècle présentées par des artistes soucieux de l’authenticité de leur interprétation. L’ensemble a ainsi mis un point final à sa tournée centre-européenne. A l’issue de ce concert très applaudi, le chef de l’ensemble Les Traversées baroques, Etienne Meyer, a répondu à quelques questions de Radio Prague :
«Depuis quelques années Les Traversées baroques travaillent beaucoup sur les répertoires polonais et tchèque et notamment sur le compositeur Marcin Mielczewski que peu de monde connaît. On voulait montrer par ce programme la filiation nette et claire avec la musique italienne et notamment celle de Monteverdi parce que des rapports très étroits pouvaient exister entre la musique de ces compositeurs. D’où l’alternance des pièces de ces compositeurs dans notre programme. »
Nous connaissons relativement bien Claudio Monteverdi mais nous ne connaissons pas du tout Marcin Mielczewski. Qui donc était ce compositeur ?
« Alors on sait peu de choses de sa jeunesse. On a des traces écrites de la période autour des années 1610. Il était au service du roi de Varsovie Sigismond III. On sait qu’il est mort en 1651 et il a laissé beaucoup de manuscrits retrouvés dans les années 1990 à Berlin. »
Etait-il influencé par la musique de Monteverdi ?
« Oui, c’est sûr. D’ailleurs il a créé une oeuvre qui s’appelle ‘Virgo prudentissima’ qu’on a enregistré et qui reprend un peu le même schéma que la sonate ‘Sopra Maria’ des vêpres de Monteverdi qu’on a jouées ce soir. Donc c’est sûr qu’il a dû avoir l’accès à ces oeuvres ou voir même, on ne sait pas, Monteverdi. En tout cas il a eu et il a lu ces partitions, c’est certain quand on regarde sa musique. »
Pour cette tournée vous avez composé un ensemble un peu spécial. Pouvez-vous le présenter ?« Pour interpréter ce programme-là nous avons six solistes, cornets à bouquin et sacqueboutes (ancêtres du trombone), violons, viole de gambe, basson ancien et continuo avec orgue et théorbe. Dans cette musique les instruments et les voix se mêlent bien et des instruments peuvent remplacer les voix dans certaines oeuvres. Il y une alternance entre les instruments et les voix. »
Peut-on dire que la partie vocale de votre ensemble est française et la partie instrumentale est tchèque ?
« En partie. Nous travaillons déjà depuis un certain nombre d’années avec des musiciens tchèques et nous avons déjà l’habitude de travailler ensemble. La plupart de ces musiciens font partie des Traversées baroques au niveau des instruments, pour un des cornets à bouquin, le continuo, la viole et les sacqueboutes. «
Depuis combien de temps se poursuit votre collaboration ? Quel répertoire préparez-vous ensemble ?
« Chaque année nous essayons de varier un peu le programme. C’est vrai que depuis quelques années nous travaillons sur le répertoire polonais, nous avons aussi travaillé sur le répertoire tchèque avec des partitions tirées de la bibliothèque de Kroměříž. Ce sont surtout des compositeurs italiens que l’on a trouvés dans cette bibliothèque comme Giovanni Felice Sances. On y trouve beaucoup de ses partitions. On a fait aussi il y a très longtemps un programme sur Heinrich Ignaz Biber dont les oeuvres se trouvent aussi dans la bibliothèque de Kroměříž. L’année prochaine, nous ferons un beau programme autour du compositeur viennois plus tardif Johann Josef Fux. Nous faisons aussi un autre programme ‘Passaggi di musica’ qui marque la filiation entre des compositeurs polonais et italiens et nous avons un gros projet en fin d’année avec l’Opéra de Dijon en Bourgogne sur la musique florentine. On a aussi un projet pour l’année prochaine. Nous avons à Dijon un petit festival qui s’appelle ‘Musique en ville’ et on a le projet de faire venir les musiciens tchèques et polonais avec lesquels on a l’habitude de travailler pour participer à ce festival. »