L'un des châteaux forts les plus visités de République tchèque, Kokorin, située dans une région romantique de forêts et de vignes de Bohême centrale, sera restitué aux descendants de ses anciens propriétaires, la famille Spacek. La décision du tribunal régional de Melnik qui a rendu ce jugement ne plaît pas à l'Institut national du patrimoine qui envisage de faire appel.
Le château fort Kokorin, photo: CTK
En effet, l'Institut national du patrimoine avait refusé la demande de restitution présentée par les héritiers de la famille Spacek de Starburk qui avait acheté, en 1894, la ruine du château de Kokorin et qui l'a complètement restauré à ses frais. Les demandeurs de restitution ont alors porté plainte au tribunal de Melnik. Or le fait que Kokorin soit inscrit sur la liste du patrimoine culturel national constituait un obstacle à la restitution. Cet obstacle est tombé après que la Cour constitutionnelle a aboli, en juin dernier, la stipulation discriminatoire de la loi sur la propriété foncière interdisant de restituer les biens immeubles faisant partie de cette propriété, tant qu'ils sont inscrits sur la liste de sites classés.
Le château fort Kokorin, photo: CTK
Les héritiers de Kokorin sont ravis de pouvoir retrouver leurs biens, après 16 ans d'efforts. Ils sont neuf à les partager : deux sont installés au Chili, sept résident en Tchéquie. Tous sont unanimes pour affirmer que rien ne changera sur le régime auquel les visiteurs du château sont habitués. Kokorin est l'un des châteaux les plus visités : chaque année, il accueille plus de 60 000 personnes. Il est en très bon état d'entretien et est réputé pour son aménagement intérieur qui est un exemple du style de vie à l'époque du romantisme. L'entrepreneur pragois Vaclav Spacek, qui l'avait acheté en 1894 en tant que ruine, l'a fait complètement remanié dans le style gothique d'origine avec, justement, des éléments du romantisme. Par un chemin de ronde, il est possible de faire le tour du château et de monter jusqu'au sommet de la tour du donjon.
Le ministre de la Culture Vitezslav Jandak n'a aucune raison de ne pas croire la promesse des nouveaux propriétaires. D'autant qu'ils sont très limités dans leurs décisions, car la loi est très sévère à l'égard des monuments classés patrimoine national protégé et la moindre intervention doit être consultée avec l'Institut national du patrimoine. Ce dernier est celui qui était opposé à la restitution. Josef Stulc explique ce que l'Institut craint le plus :
« Puisqu'il s'agit d'une famille très nombreuse, il existe un danger que ses différents membres partagent entre eux le mobilier et ainsi, le lien qui s'était créé au fil des siècles entre la richesse mobilière qui constitue le génie des lieux et le château disparaîtrait à jamais. »