Le château Konopiste - objet de restitution patrimoniale ?

Le château Konopiste, photo: www.czechtourism.cz

Une cause patrimoniale sans précédent dans l'histoire de la Tchéquie... C'est en ces termes que le quotidien Mlada fronta Dnes introduit son information sur la prétendue initiative de la princesse Sophie de Hohenberg visant à récupérer la splendide demeure de Konopiste, située à une trentaine de kilomètres de Prague. Alena Gebertova pour plus de détails.

Le château Konopiste,  photo: www.czechtourism.cz
Le château Konopiste est l'ancienne résidence du prince héritier d'Autriche, François Ferdinand d'Este, neveu de l'empereur autrichien François Joseph Ier. Construit au XIIIe siècle, il renferme de magnifiques collections de meubles, de sculptures sur bois, de vaisselle, de trophées de chasse et d'armes. Après la Première Guerre mondiale, Konopiste et les autres biens de la famille Hohenberg ont été confisqués. En tant que tels, ils ne sont donc pas concernés par les lois de restitution entrées en vigueur après la chute du régime communiste. Selon le quotidien MfD, la princesse Sophie de Hohenberg a porté plainte ces derniers jours contre cette confiscation souhaitant récupérer Konopiste et l'ensemble des biens qui appartenaient à cette résidence hors du commun. Peut-elle réussir ? Cédons la parole à l'historien Jan Galandauer, spécialiste de l'histoire des Habsbourg...

« Je pense que c'est tout à fait impossible. On reviendrait ainsi à l'an 1921 et il est clair que l'on ne peut pas revenir autant en arrière. Jusqu'où arriverait-t-on ? Cela représenterait une révision des confiscations survenues après la Première Guerre mondiale. Cela dit, force m'est de constater que, sur le plan juridique, cette confiscation n'a pas été tout à fait correcte ».

Pourquoi ? Après la Première Guerre mondiale, les biens des Habsbourg dans la République tchécoslovaque nouvellement constituée, comme en Autriche, ont été confisqués. Si François Ferdinand d'Este fut le prince héritier du trône habsbourgeois, le cas de sa progéniture a pourtant été tout autre. En épousant Sophie Chotkova - un mariage morganatique - François Ferdinand a fait en 1900 une déclaration selon laquelle ses enfants perdaient tous les privilèges et titres et renonçaient à la couronne impériale. Ils allaient porter le nom des Hohenberg. Ainsi, comme l'avait écrit dans les années vingt le professeur Gustav Turba, cité par le journal, « les Hohenberg, orphelins du couple assassiné à Sarajevo, n'ont jamais fait partie de la famille des Habsbourg.... Il s'agit donc d'une erreur juridique ». L'avis que soutenait à l'époque, aussi, l'illustre historien tchèque Josef Pekar.

C'est cette erreur juridique qui semble servir aujourd'hui d'argument de taille à Sophie de Hohenberg, arrière-petite-fille de Ferdinand d'Este. Mais comme le dit l'historien Jan Galandauer déjà cité, « psychologiquement parlant, il serait très difficile d'accepter cette revendication ».