Le chef de l’Etat pris à partie lors du 25e anniversaire de la Révolution de velours

Photo: ČTK

Le quart de siècle de liberté a été célébré ce lundi 17 novembre par de nombreux rassemblements à divers endroits en République tchèque. Toutefois, les commémorations de la chute du régime communiste ont été quelque peu éclipsées par les protestations à l’égard du chef de l’Etat, Miloš Zeman.

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Dès les heures matinales du lundi 17 novembre 2014, des centaines de personnes ont commencé à se rassembler au centre de Prague, à la Narodní třída, l’Avenue nationale, l’endroit-même qui symbolise la répression policière brutale contre les manifestations étudiantes du 17 novembre 1989. Des fleurs, des bougies, des gerbes ont été déposées au pied du monument édifié à la mémoire de la Révolution de velours ainsi qu’à celle des étudiants et des professeurs ayant lutté contre l’avènement des nazis en 1939. En début d’après-midi, le rassemblement a commencé à compter plusieurs milliers de personnes, qui ont saisi cette opportunité pour notamment montrer un carton rouge au président de la République. Dénonçant un comportement indigne de sa fonction et ses récentes déclarations vulgaires à la radio, des milliers de personnes ont ainsi appelé à la démission du chef de l’Etat.

Miloš Zeman,  photo: +ČTK
« Nechceme Zemana » - « Nous ne voulons pas de Zeman » ou « Miloše de koše » -« Miloš à la poubelle », tels ont été les quelques slogans qui ont été scandés par la foule lors du dévoilement de la plaque commémorative, cette-fois ci dans le quartier d’Albertov à Prague, qui a été le point de départ des manifestations en 1989. Lors de son bref discours, le président de la République tchèque a tenté de couvrir de sa voix les bruyants sifflements des quelques centaines de manifestants présents, qui ont également lancé des œufs et divers objets sur le podium.

« Je n’ai pas peur de vous, de la même façon que je n’avais pas peur il y a 25 ans. J’ai invité, ici à Albertov, ceux qui étaient ici il y a 25 ans, au moment où le courage n’était pas une chose évidente. »

Andrej Kiska,  photo: ČTK
Les discours des quatre chefs d’Etat des pays d’Europe centrale et du président allemand qui accompagnaient Miloš Zeman à l’occasion, ont à l’inverse récolté de bruyants applaudissements. Etant donné que le 17 novembre n’est pas uniquement une fête nationale de la République tchèque, mais aussi celle de la Slovaquie, son président Andrej Kiska, a déclaré devant la foule d’Albertov :

« Vous savez, nous aussi en Slovaquie, nous nous posons souvent la question : est-ce que nos visions d’une révolution douce ont été réalisées ? L’amour et la vérité ont-elles vaincu le mensonge et la haine ? Vous savez, il est important que l’on se rende compte que nous avons toujours ces idéaux. Bien sûr, certaines choses nous dérangent, mais à l’heure actuelle nous avons cette chance unique formidable : nous avons la liberté. Et n’oublions pas : si nous n’abandonnons pas, si nous ne nous contentons pas de ce qui nous dérange, alors rien ne sera perdu, et rien ne sera donné. Vive la liberté ! »

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Des manifestations de mécontentement de milliers de personnes à l’égard du chef de l’Etat tchèque ne se sont pas uniquement déroulées à la Narodní třída, à Albertov ou au pied du Château de Prague, mais également dans les villes de Brno et Ostrava. Là aussi, des citoyens fâchés ont brandi des cartons rouges demandant la démission du président. Ces incidents n’ont toutefois pas vocation à mettre de l’ombre sur les autres événements, conférences et happenings du Festival de liberté, qui se poursuivront jusqu’à la fin de l’année partout en République tchèque

Les commémorations du 17 novembre se sont achevées le soir par un concert organisé par la Radio tchèque sur la place Venceslas, sous le regard bienveillant de l’ancien président Václav Havel, dont le portrait avait été accroché sur le Musée national. De nombreux musiciens et chanteurs se sont relayés sur scène, tels que Jiří Suchý, le groupe de David Koller, Dan Bárta, ou Michal Prokop et le groupe Framus 5. L’événement, qui a rassemblé plus de 20 000 personnes, a été clôturé par le musicien Jaroslav Hutka, l’un des symboles de la Révolution de velours, qui a interprété une des chansons préférées des Tchèques, une chanson qui parle de la « liberté humaine » comme étant la chose la plus importante.