Le chef de l’Etat réinverse la date du discours présidentiel
Ce jeudi, le président de la République, Miloš Zeman, a renoué avec la tradition en vigueur sous la Première République, en adressant ses vœux de Noël aux citoyens tchèques. Il a ainsi dressé le bilan de ses premiers mois à la présidence de la République tchèque, en expliquant avoir respecté peu ou prou cinq promesses présentées lors de la campagne électorale au mois de janvier dernier. Néanmoins, Miloš Zeman, a récolté dès ce vendredi une critique de la part des médias et d’une majorité des hommes politiques, qui ont estimé que son discours a manqué de profondeur et de vision d’avenir.
Pour la vice-présidente du mouvement politique ANO, Věra Jourová, le manque d’idées à l’égard de l’avenir était flagrant. Věra Jourová:
« Il s’agissait plutôt d’un regard rétrospectif sur les actions du président, au sein de son bureau. »
Selon le quotidien Lidové noviny, le discours était vidé de son contenu, dans la mesure où le président n’aurait pas évoqué l’accomplissement d’autres promesses, mentionnées par le passé. Une de ses promesses concerne l’amnistie controversée de son prédécesseur, Václav Klaus. Si Miloš Zeman avait assuré qu’il éluciderait les circonstances dans lesquelles, cette amnistie avait été déclarée et signée, il n’en a fait aucune mention dans son allocution télévisée et radio. Une autre critique a été émise à l’encontre de sa participation plus ou moins discrète à la campagne des élections législatives au mois d’octobre. Miloš Zeman, avait fait savoir au moins de mars dernier, que « le Bureau du chancelier du président de la République ne doit pas être utilisée à des fins de propagations d’un parti politique ». Or, Miloš Zeman était apparu sur les billboards du Parti des droits des citoyens (SPOZ), le parti qu’il avait lui-même créé au mois d’octobre 2009. Mais avec un résultat de seulement 1,5% des voix lors des dernières élections législatives, le Parti des droits des citoyens, et donc par là-même le président de la République, ont été sanctionné par les Tchèques.
Dans son discours d’inauguration au mois de janvier dernier, Miloš Zeman, avait également promis d’entamer une bataille contre « les parrains de la mafia », et ce essentiellement par l’instrument efficace de la loi imposant une déclaration des revenus et de propriété. Or, jusqu’à présent le chancelier du président, Vratislav Mynář, n’a pas encore fourni de déclaration de propriété. Quant au conseiller du président, Martin Nejedlý, celui-ci n’a même pas encore rendu public son curriculum vitae.Le député du parti TOP 09, Stanislav Polčák, n’a pas caché sa déception :
« Jusqu’à présent, nous étions habitués à entendre de la part du président de la République, les évocations de thèmes qui intéressent réellement la société, ainsi que les directions vers lesquelles la société doit s’orienter. Mais malheureusement, le discours du président de la République faisait plutôt penser à une plaidoirie défendant sa propre personne. »Si Miloš Zeman a également réaffirmé sa volonté de rassembler le peuple, certains considèrent qu’il s’agissait tout simplement d’un défilé d’égocentrisme. La grande différence avec les discours de ses prédécesseurs réside dans la manière d’aborder les sujets et de s’adresser aux Tchèques. A la différence de Miloš Zeman, qui a principalement parlé de sa propre présidence, ses deux prédécesseurs, Václav Havel et Václav Klaus, parlaient, quant à eux, de la dynamique et de la conjoncture au sein de la société. Toutefois, si Václav Havel avait tendance à appeler les Tchèques, « mes chers amis », Miloš Zeman, à la manière de Václav Klaus, s’adresse à ses « concitoyens ».
Miloš Zeman continue dans une logique de démarcation de ses prédécesseurs, mais il n’est pas certain que cela soit la voie la plus appropriée, pour retrouver le chemin vers les Tchèques, qui commencent petit à petit de s’éloigner de l’autorité symbolique de l’Etat. Une chose est sûre, pour les quatre prochaines années à venir, le discours du Jour de l’An sera mis aux oubliettes.