Les vœux de Noël du président ne font pas unanimité
Cette année, le discours de Noël du chef de l’Etat, Miloš Zeman, préenregistré et diffusé à la fois par la Télévision publique, la Radio publique et la chaîne privée Nova, n’a été suivi que par près de 800 000 personnes. Par rapport à l’année dernière, il s’agit d’une perte de près d’un demi-million de spectateurs.
« Si je dois faire un bilan de l’activité du gouvernement depuis un an, je ne peux que répéter ce que j’ai déjà dit publiquement à plusieurs reprises. Ce gouvernement a donné au peuple de l’espoir, et l’espoir est un facteur psychologique significatif pour la croissance économique. Les entrepreneurs ont recommencé à prendre goût à mieux investir et les consommateurs à dépenser un peu plus. Les moteurs de l’économie, qui avaient été freinés par la politique insensée du gouvernement de Petr Nečas, se sont donc mis en marche. »
Le chef de l’Etat a notamment souligné sa volonté de conduire la politique étrangère sans succomber aux pressions extérieures. Toutefois, la baisse d’audience de cette allocution coïncide avec sa baisse de popularité auprès des électeurs. D’après le Centre pour l’étude de l’opinion publique, 60% des Tchèques interrogés ne feraient plus confiance au chef de l’Etat. Ce dernier ne semble pas disposer de l’autorité morale dont jouissait le premier président post-communiste du pays, Václav Havel, élu il y a exactement 25 ans jour pour jour. Cette baisse de confiance est due à de nombreuses prises de position diplomatiques, qui ont été critiquées par une partie de la sphère politique tchèque. Mentionnons, entre autres, le récent voyage du chef de l’Etat en Chine, où il a tacitement approuvé le régime autoritaire chinois, en le qualifiant de « stabilisation réussie de la société ». Avant cela, il avait participé à une conférence sur l’île de Rhodes, organisée par un ancien agent du KGB, Vladimir Jakounine. Le 28 octobre dernier, à l’occasion de la fête nationale, les décorations que Miloš Zeman a attribuées, ont également fait couler beaucoup d’encre, dans la mesure où il les aurait octroyées à plusieurs de ses proches.
Mais ce sont essentiellement les vulgarités prononcées à la Radio publique qui ont fait déborder le vase. Ce mécontentement s’est manifesté lors des commémorations du 25e anniversaire de la Révolution de velours, le 17 novembre dernier, lorsque des centaines de manifestants lui ont adressé un carton rouge et l’ont sifflé lors de son discours à Prague, en présence d’autres chefs d’Etat. A ce propos, le président de la République a fait savoir lors de son discours de Noël :« Je ne céderai jamais à la foule rugissante. La dernière fois que des hommes se sont faits entendre par des hurlements, il s’agissait des hommes de Neandertal.. Mais, cela fait déjà bien longtemps. Je ne serai jamais d’accord avec le fait qu’un groupe pornographique (Pussy riot, ndlr) portant un nom vulgaire se fasse passer pour un symbole de la lutte pour les droits de l’homme, car il s’agit d’une offense par rapport aux véritables défenseurs des droits de l’homme. D’un autre côté, chacun a droit à son opinion et chaque citoyen a la possibilité de me rencontrer lors de mes voyages à travers le pays, et ceux qui sont en désaccord, je leur donne le premier mot. Nous vivons dans une société libre, et chacun a droit d’exprimer son avis indépendant, même le président de la République. »
Pour ce deuxième discours de Noël, de nombreux journalistes et commentateurs de la vie publique ont reproché un manque d’aptitude à se projeter vers le futur. Le chef de l’Etat n’aurait fait passer aucun message au peuple tchèque pour l’année 2015.
Notons que la direction de la Radio publique tchèque a décidé de ne plus retransmettre les Hovory z Lán (Entretiens depuis Lány), les habituelles interviews diffusées depuis la résidence présidentielle, et ce suite aux propos vulgaires du chef de l’Etat prononcés en direct. Le président a refusé que son émission soit enregistrée préalablement ou diffusée avec un léger décalage pour éviter d’éventuelles prochaines violations du code éthique de la chaîne. Désormais, à partir de janvier prochain, c’est la radio privée Frekvence 1 qui se chargera de ces entretiens.