Le « décret friandise » dans les écoles pose problème aux sociétés alimentaires

Photo: ČT24

Depuis le début de cette année, les écoles en République tchèque sont tenues de ne plus vendre de produits alimentaires considérés comme trop sucrés, trop salés ou trop gras, et donc nocifs à la santé. Appelé « pamlsková vyhláška » en tchèque, ce « décret friandise » vise à améliorer les habitudes des élèves en matière d’alimentation. En pratique toutefois, tout n’est pas si simple.

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« Les boissons ou aliments proposés aux élèves doivent permettre une offre alimentaire diversifiée favorisant une liberté de choix, en privilégiant l'eau, les purs jus de fruits, le lait ou les produits laitiers demi écrémés, le pain, les céréales non sucrées, en évitant les produits à forte densité énergétique riches en sucre et matières grasses (biscuits, céréales sucrées, viennoiseries, sodas..). » Voilà ce que l’on peut lire sur le portail « eduscol » du ministère de la Santé français au sujet de la collation matinale à l’école.

Limiter ou éviter les apports énergétiques excessifs dans l’alimentation des plus jeunes, c’est également ce que souhaite le ministère de la Santé tchèque. Et comme l’explique sa porte-parole Jarmila Balážová, c’est là le rôle de l’institution où les enfants, une fois sortis du cercle familial, passent le plus de temps :

« L’école est coresponsable des habitudes alimentaires et des principes de style de vie que prennent et adoptent ses élèves. Si nous donnons aux enfants et aux adolescents la possibilité d’acheter des produits nocifs pour la santé dans des distributeurs automatiques ou dans les cafeterias à l’intérieur même des établissements scolaires, il est difficile de les en empêcher. La majorité des enfants prennent goût à ce type de produits, et ce sont malheureusement des mauvaises habitudes qu’ils conservent le plus souvent pour le reste de leur vie. »

Depuis l’entrée en vigueur du décret à l’automne dernier et son application dans les écoles depuis janvier dernier, les sociétés alimentaires ont été contraintes de s’adapter et de revoir la composition de certains de leurs produits de façon à ce que ceux-ci puissent encore être distribués dans les établissements scolaires. Porte-parole de la Chambre alimentaire, Dana Večeřová affirme cependant que nombre des sociétés concernées considèrent que les normes exigées sont trop strictes et difficiles à respecter :

« Les producteurs sont confrontés à de multiples complications. La très grande majorité des produits qui sont fabriqués et sont distribués tout à fait normalement dans les commerces, ne répondent plus aux exigences définies dans le décret. »

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Ces mêmes sociétés se plaignent également des frais supplémentaires qu’engendre le respect des nouvelles mesures. Mais Jarmila Balážová du ministère de la Santé l’assure, le contenu du décret restera tel qu’il est actuellement :

« Les valeurs nutritives des différents produits ont été définies par le ministère de la Santé en coopération avec le chef des services d’hygiène du pays. La seule modification que nous envisageons d’apporter au décret est de financer les goûters des élèves de façon justement à améliorer leurs habitudes alimentaires et faire en sorte que ce qu’ils mangent et boivent soit bon et appétissant. »

Par ailleurs, le ministère de l’Agriculture a fait savoir récemment que les élèves tchèques recevront, à compter de la prochaine rentrée, du lait et des produits laitiers non aromatisés. Les parents souhaitant que leurs enfants puissent consommer des produits aromatisés devront y aller de leur poche.