Le défilé arc-en-ciel a mis un point final au festival Prague Pride
Ils ont été 10 000 à défiler ce samedi dans le centre de Prague et à manifester leur droit à la différence. C’est par ce défilé bariolé qu’a pris fin le festival des minorités sexuelles Prague Pride. Le festival a aussi attiré dans la capitale tchèque beaucoup de participants étrangers.
« Je n’ai qu’une seule raison pour le faire. Je suis convaincu que dans le troisième millénaire la tolérance et l’acceptation des droits personnels de chaque individu est une chose tout à fait essentielle. C’est la raison pour laquelle j’ai accepté que ce défilé soit placé sous mon patronage. Je voulais démontrer que nous ne vivons plus au Moyen Age et que notre démocratie a bien progressé. »
Et Bohuslav Svobota d’insister sur l’aspect éthique de son initiative et d’affirmer que son soutien n’était pas du tout politique. Les participants ont déployé de grands moyens pour donner à leur défilé un aspect spectaculaire. Drapeaux arc-en-ciel, masques et costumes fantastiques, ballons de diverses formes, musique et danse ont donné aux avenues du centre de la capitale pour quelques heures l’aspect du carnaval de Rio. Le directeur du festival Czeslaw Walek a convié à cette fête tous ceux qui voulaient y participer sans égard à leur orientation sexuelle :« Le festival Prague Pride est une célébration - une célébration de la ville dans laquelle nous vivons et de la société dans laquelle nous voulons vivre. Nous ne voulons pas vivre dans une société où les gens sont persécutés et emprisonnés pour leurs opinions. »
Les organisateurs du festival et du défilé qui l’a couronné désiraient cependant aussi d’attirer l’attention sur les problèmes sérieux et notamment sur l’homosexualité des Roms et des handicapés physiques. Ils ne cachaient pas non plus leur intention de lancer un débat sur l’adoption homoparentale. Tandis que l’homophobie est relativement rare dans la société tchèque et ne se manifeste actuellement que chez 6 % des habitants, le problème de l’adoption continue de diviser la société et complique la vie des parents homosexuels. Tel est le cas de Petra, femme qui élève avec sa partenaire deux enfants mais n’est pas leur mère biologique :« Je n’ai aucun droit vis-à-vis de ces enfants et ils n’en ont pas non plus vis-à-vis de moi ce qui est à mon avis complètement absurde. Nous essayons de régler cela avec une déclaration du plein pouvoir mais au cas où notre famille se trouverait dans une situation vraiment difficile, je serais obligée de demander la tutelle de mes enfants devant un tribunal et de prouver que je suis une parente qui pourrait s’en occuper. »Prague Pride a suscité cependant aussi des réactions négatives et des protestations. Plusieurs dizaines d’opposants au festival se sont réunis, samedi également, place Venceslas, pour manifester leurs opinions. Parmi eux il y avait le militant catholique et président du mouvement « Action D.O.S.T. » Michal Semín qui a présenté ces protestations comme une initiative en faveur du mariage hétérosexuel et la famille :
« Nous ne sommes surtout pas d’accord avec le fait qu’un aspect de la vie qui est très intime et doit faire partie de la vie privée, devient l’objet d’une pression politique vis-à-vis de la société tchèque. (…) Les homosexuels exigent que la société reconnaisse la valeur et l’égalité entre le mode vie homosexuel et le mariage. Et nous estimons que c’est contre cela qu’il faut protester. » Dans le groupe des adversaires à la Prague Pride, il y avait également le vice-chancelier présidentiel Petr Hájek qui a salué les participants au nom du président de la République Václav Klaus, ce dernier étant un grand critique de ce qu’il appelle l’idéologie de « l’homosexualisme ». De même les membres du mouvement Les Jeunes chrétiens-démocrates ont protesté dans les rues de Prague contre le défilé homosexuel. Leur action a été appuyée par le cardinal Dominik Duka, primat de l’Eglise catholique tchèque.