Le dernier (et peu surprenant) discours du 28 octobre du président Václav Klaus
Ce dimanche, Václav Klaus a prononcé son dernier discours présidentiel à l’occasion de la fête nationale du 28 octobre, qui marque la naissance de l’Etat tchécoslovaque, en 1918. Pour la dernière fois avant l’expiration de son second mandat présidentiel, début 2013, il a décoré, comme le veut la tradition, quelques-unes des personnalités tchèques pour leurs mérites et leur engagement dans différentes périodes marquantes de l’histoire moderne du pays.
Effectivement, Václav Klaus est resté fidèle à sa vision d’une République tchèque petit Etat fort et indépendant, dont les citoyens bénéficieraient de taux d’impôts réduits et partageraient les mêmes valeurs conservatrices. Hélas, dans son allocution, le président a dû constater que « notre Etat s’affaiblit et gonfle en même temps ».
Dans « le monde selon Václav Klaus », le mal vient surtout des lobbys et des groupes d’intellectuels fort encouragés par les médias, de ces gens qui « ne travaillent pas quotidiennement et laborieusement dans la sphère productive de l’économie », et dont l’objectif principal est de ridiculiser l’Etat et ses représentants. On écoute Václav Klaus :
« N’attendons pas la venue du Messie ni un afflux d’argent provenant des fonds européens. Ne nous laissons pas nous imposer l’idée selon laquelle la politique nationale est tellement mauvaise que seuls différents mouvements non-démocratiques, ‘des appels aux citoyens’ ou ‘des individus clairvoyants’ peuvent diriger correctement notre pays. Non, nous ne pouvons pas nous passer d’une politique démocratique. »
Critiquer tout et rien est très en vogue, a constaté le président avant, lui aussi à son tour, de critiquer le gouvernement de ne pas être parvenu à convaincre les citoyens de la légitimité de sa politique, comme l’ont démontré les résultats des récentes élections sénatoriales et régionales. Tout cela avant de critiquer encore les groupes de pression, tchèques comme étrangers, qui défendent leurs propres intérêts sous l’égide de différentes ONG et sous prétexte d’une politique écologiste. Et avant de critiquer, sans surprise, l’Union européenne qui ne fait que semblant de se soucier du bien-être des citoyens tchèques et, enfin, le système économique et social basé sur l’endettement source des problèmes en République tchèque comme dans les pays occidentaux.
Dimanche soir, à l’occasion de la fête nationale, 22 personnalités tchèques ont été mises à l’honneur par le président de la République. Václav Klaus a remis l’Ordre du Lion blanc, la plus haute distinction de l’Etat tchèque, à deux anciens combattants de la Deuxième Guerre mondiale, Alexandr Beer et Vasil Korol. Il a également attribué l’Ordre de Tomáš Garrigue Masaryk à six anciens prisonniers politiques. D’autres personnalités, comme la double championne olympique de javelot Barbora Špotáková, l’ancien footballeur Ivo Viktor, le compositeur Marek Kopelent ou le fondateur du registre national de donneurs de moelle osseuse Vladimír Koza, décoré in memoriam, ont reçu l’Ordre du Mérite. Un seul nom controversé figure dans le palmarès de cette année : celui de l’écrivain Ota Filip, exilé depuis 1970 en Allemagne, mais qui, pendant un certain temps, aurait collaboré avec la police secrète communiste.A l’occasion de ce dernier 28 octobre du président Václav Klaus, la presse a dressé le bilan des distinctions attribuées par le chef de l’Etat actuel et par son prédécesseur Václav Havel. Sans entrer dans des détails qui en disent pourtant long sur « le monde selon Havel » et « le monde selon Klaus », constatons simplement que Václav Havel a attribué précisément 508 distinctions entre 1995 et 2002, tandis que Václav Klaus a décoré 227 personnes en l’espace de dix ans.