Le design tchèque, un foyer artistique jeune et dynamique
Après la Zlín Design Week, rendez-vous au musée d’art contemporain Dox. Klara Šumova, créatrice tchèque, nommée « découverte de l’année » au Grand Design Czech Awards et Dirk Wright, graphiste canadien devenu praguois pour exercer son art, ont travaillé pour donner naissance à l’exposition Oáza (Oasis).
« Je crois que nous avons un langage assez poétique. L’apparence est très importante, l’esthétique de la surface. Je crois que pour un style, c’est difficile de le mettre dans une case mais ce serait plutôt une esthétique post-moderne avec des formes simples. »
La collection Oáza rencontre un grand succès notamment grâce à la qualité des matériaux utilisé, elle n’échappe cependant pas pour autant aux critiques. Le couple de designers ne semble pas vouloir créer de nouveaux produits mais plutôt de perfectionner leurs créations. Dirk Wright explique cette décision :
« On est plus intéressé par le fait de revenir sur nos créations déjà existantes. Parce que nous ne sommes pas contraints par le cycle des nouvelles saisons. Par exemple, le pommier de l’exposition, au début c’était juste une sculpture et les gens étaient énervés. Ils se demandaient : « C’est quoi ? ». On leur répondait : « C’est un pommier, un objet d’intérieur pour la contemplation.» Mais ils n’en comprenaient pas l’utilité, ils voulaient que ce soit un porte-manteau ou quelque chose d’utile et ils étaient très en colère. Parfois il faut se battre et parfois il faut écouter. Apres cela, nous avons décidé d’en faire une lampe, maintenant je pense que c’est un objet fini. Au lieu de faire des nouveaux objets, on veut vraiment travailler sur ceux qui existent déjà. »Le milieu du design thèque est d’après Dirk Wright très créatif mais surtout très ouvert. Les designers se connaissent tous et partagent leur art sans rentrer dans un esprit de compétition malsain. Quant au style proprement tchèque, Dirk Wright nous livre la vision d’un canadien fraîchement exilé :
« Je crois que le pays est très romantique. Notamment en-dehors de Prague, les gens ont du respect pour une certaine romance, je ne sais pas comment l’expliquer. Cette romance transparaît à travers les paysages, avec ces cathédrales à moitié en ruines. J’aime penser que les gens ici préfèrent l’ancien au nouveau. Je sens qu’il y a ce côté romantique qui vient influencer le design tchèque. Mais c’est vraiment mon point de vue, en tant qu’étranger. Pour ce qui est du style à proprement parler, c’est dur à dire. Je ne dirais pas que c’est académique mais plutôt poétique et sincère, et surtout beaucoup de travail. »
C’est probablement le fruit de beaucoup de travail car le design tchèque rayonne à l’international. En effet, la deuxième édition de la Zlín Design Week avait vu de nombreux designers venus du monde entier pour participer à cet évènement, illustration de l’attractivité de la République tchèque en termes de design. Pour Dirk Wright, c’est d’ailleurs une évidence :« Pour un pays relativement petit, le design tchèque est assez bien représenté à l’international. Je ne sais pas si c’est bien représenté en réalité mais en tout cas, c’est très respecté. Par exemple, notre travail est exposé dans la galerie Mint à Londres et c’est vraiment surprenant le nombre de produits tchèques présents là-bas. Pour la semaine du design à Vienne cette année, la République tchèque est le pays le plus représenté. Et lorsque vous regardez les magazines les plus importants comme Wallpaper, presque à chaque fois vous pouvez voir quelque chose de tchèque. Donc oui, le design tchèque est plutôt bien représenté, en tout cas, respecté. »
La collection Oáza est à découvrir jusqu’au 25 mai, au DOX.