Le drame « Poupata » sacré meilleur film de 2011
Deux films ont dominé, samedi soir, les prestigieux prix du cinéma, les Lions tchèques : le drame social « Poupata » (Fleurs en bouton), proclamé meilleur film de l’année 2011, et un long-métrage animé, « Alois Nebel » qui sortira en salles en France le 14 mars prochain. Nominé dans douze catégories, le film de Václav Havel « Odcházení » (Sur le départ), n’a finalement raflé que deux Lions, dont celui du meilleur scénario, attribué à l’ancien président tchèque…
Le titre poétique du film, « Poupata » qui désigne les fleurs en bouton, fait référence aux spartakiades, ces rassemblements sportifs de masse pratiqués sous l’ancien régime. Il fait également référence aux espoirs et aux rêves inaccomplis des membres d’une famille ordinaire qui se heurtent à leur quotidien, gris comme la ville industrielle où ils vivent. Depuis sa sortie, en décembre dernier, « Poupata » n’a enregistré que 10 000 entrées, un résultat qui ne décourage toutefois pas le réalisateur Zdeněk Jiráský :
« Le drame social est un genre qui peut décrire les problèmes et les phénomènes de la société actuelle, je crois, de manière plus pertinente que la comédie grand public. »Pour le critique de cinéma Jaroslav Sedláček, « Poupata » est aussi l’un des films les plus marquants de l’année écoulée :
« ‘Poupata’ s’inscrit dans la même lignée que les films de Bohdan Sláma ‘Divoké včely’ ou ‘Štěstí’ (Something like Happiness). Ces films explorent la vie dans des milieux défavorisés, dans les régions industrielles de la Bohême et de la Moravie du Nord. Dans ce film-là, il s’agit de la région de Sokolov. Il est intéressant, pour un cinéaste, d’aller à la découverte de ces milieux : d’abord, ils sont beaux visuellement, et puis, leurs habitants vivent les mêmes histoires que nous, mais de manière plus intense, parce qu’ils se trouvent en situation extrême. Tourner un tel film, c’est une question de courage et d’enthousiasme personnels, car ce ne sont jamais des succès commerciaux et leurs auteurs peuvent plutôt espérer être remarqués dans des festivals. » Tiré de la bande dessinée éponyme, le film d’animation « Alois Nebel » du réalisateur Tomáš Luňák qui s’articule autour de deux événements marquants de l’histoire tchèque du XXe siècle, l’expulsion des Allemands Sudètes et la révolution de velours, a enregistré, lui, un beau succès public. Réalisé avec une technique particulière, la rotoscopie, où les réalisateurs ont recours à de vrais acteurs dont les figures sont redessinées, le film a été primé pour la musique, le son et les décors. Parmi les autres films récompensés, on notera le Lion tchèque du meilleur scénario attribué à l’ancien président tchèque et dramaturge Václav Havel, ainsi que le prix du meilleur montage pour le film « Odcházení », revenu à Jiří Brožek. Anna Geislerová est repartie avec sa cinquième statuette de meilleure actrice, cette fois-ci pour le film « Nevinnost » (Innocence) de Jan Hřebejk. Enfin, le jeune cinéaste Martin Mareček a reçu le Lion du meilleur documentaire pour son film « Pod sluncem tma » (Sous le soleil, l’obscurité), sur l’électrification d’un village en Zambie. En revanche, les récompenses ont échappé au film « Lidice » de Petr Nikolaev, racontant la tragédie du village rasé par les nazis, ou encore au road-movie « Rodina je základ státu » (Long Live The Family) de Robert Sedláček. Les Lions tchèques ont été distribués pour la 19e année consécutive. Quelque 24 longs-métrages et 17 documentaires étaient en lice pour les prix.