Le droit de garde des pères en question

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Près de 20 000 couples divorcent chaque année en République tchèque. C'est l'un des taux les plus élevés de l'Union européenne. Ces derniers mois, les journaux et magazines tchèques ont évoqué à maintes reprises le cas de ces pères qui se battent pour obtenir la garde de leurs enfants à parts égales avec les mères, notamment suite aux actions publiques menées par ces pères qui ont porté plainte à la Cour européenne des Droits de l'homme. Entretien avec Lubos Patera, de l'association « Justice pour les enfants ».

« Notre association fonctionne depuis 1996, et avec des amis, nous l'avons fondée parce que nous sommes arrivés à la conclusion qu'au vu de notre situation familiale difficile, il fallait rassembler nos forces, car les tribunaux de la République tchèque et les autres organes de l'Etat ne nous permettaient pas ou ne nous aidaient pas à remplir nos liens familiaux envers nos enfants. »

En janvier, la Cour constitutionnelle de la République tchèque a statué au bénéfice d'un père qui avait porté plainte contre le verdict qui le confinait dans le rôle du « parent des week-ends », un pas en avant en faveur de la reconnaissance du rôle du père dans l'éducation des enfants. Les cas de divorces dans la douleur, parfois accompagnés du syndrome d'aliénation parentale, où un des parents « monte » son enfant contre l'autre, sont souvent l'occasion de défouloirs pendant lesquels l'enfant reste un de ceux à en pâtir le plus. Mais le cas du père cantonné à une éducation intermittente est aussi une constante. Et si la garde en alternance est conseillée, elle n'est que peu appliquée en réalité.

Lubos Patera est contre l'affirmation selon laquelle la majorité des pères ne souhaiteraient guère la garde de leurs enfants. Devant la prééminence de décisions de justice prononcées exclusivement en faveur des mères, ces pères ont choisi d'aller plus loin :

Radio Prague a demandé à Lubos Patera en quoi la République tchèque était un cas particulier dans l'Union européenne :

« La spécificité réside dans le fait qu'il y a en République tchèque une discrimination ouverte dans l'éducation des enfants mineurs après divorce et on se trouve face à un véritable non-respect du droit. Le problème n'est pas seulement qu'on ne confie pas les enfants aux pères après un divorce, ou seulement dans une quantité de cas négligeable, mais que les tribunaux ne respectent même pas leurs propres verdicts, lorsqu'eux-mêmes ont décidé de rétablir le lien entre le père et l'enfant après un divorce. En gros, même si après des années de procédure judiciaire, le père obtient au moins le droit de voir son enfant le week-end, il suffit que la mère ne respecte pas ce verdict, et les juges ou plutôt les femmes-juges ne font même pas respecter leur jugement. »