Le duel entre deux anciennes procureures générales se poursuit
Un groupe de hauts magistrats a gagné, mardi à Prague, le procès contre l’ancienne procureure générale Marie Benešová. Conséquence : cette dernière a été condamnée à présenter ses excuses à la partie plaignante qu’elle a qualifiée en 2007 de « mafia judiciaire ». Bien que le verdict de la Cour supérieure de Prague soit définitif, l’affaire est encore loin d’être terminée.
Renata Vesecká est accusée par l’opposition d’avoir agi sur commande politique. Elle et les autres magistrats impliqués dans l’affaire décident de se défendre en justice contre les propos de Marie Benešová. Depuis janvier 2008, quatre verdicts ont été prononcés dans cette affaire, deux d’entre eux donnant raison à Marie Benešová et les deux autres à Renata Vesecká. Entre-temps la situation de la procureure générale devient intenable et Renata Vesecká est finalement relevée de ses fonctions, de même que le vice-président de la Cour suprême Pavel Kučera, qui, lui aussi, figurait dans cette affaire. Mardi cependant, le verdict de la Cour supérieure de Prague leur a de nouveau été favorable. A l’issue du procès, Renata Vesecká a dit au micro de Český rozhlas (Radio publique tchèque) :
« Je n’est pris aucun plaisir à intenter ce procès mais je considérais les propos de Marie Benešová comme tellement essentiels que je ne voyais pas d’autre possibilité. Du moins, c’est de cette façon que je le percevais. Je dois dire aussi que j’accueille évidement avec satisfaction le verdict de la Cour supérieure de Prague. »Selon la présidente de la Cour, Romana Vostrejšová, le procès n’a pas établi le bien-fondé des accusations de mafia judiciaire et d’interventions illicites dans le travail des organes de la justice. Marie Benešová doit donc adresser une lettre d’excuses à Renata Vesecká, à Pavel Kučera ainsi qu’à l’ancien ministre de la Justice Pavel Němec et publier ses excuses par l’intermédiaire de l’agence de presse ČTK. Evidemment, Marie Benešová n’est pas d’accord avec une telle décision :
« Je ne suis pas surprise par ce changement de verdict et je vais certainement me pourvoir en cassation. Je serai tenue de payer les frais du procès et de présenter mes excuses, mais au cas où la Cour suprême me donnerait raison, cela se retournerait de nouveau contre la partie plaignante. »
Et Marie Benešová d’évoquer certains arguments pour appuyer ces propos sur la « mafia judiciaire ». Elle attire l’attention, entre autres, sur les récents retours à leur poste des magistrats chargés de l’affaire Čunek contraints pourtant de partir sous Renata Vesecká. Elle rappelle également le verdict rendu contre le vice-président de la Cour suprême, Pavel Kučera, relevé de ses fonctions pour avoir influencé l’affaire Čunek. Quant au ministre actuel de la Justice, Jiří Pospíšil, qui a occupé le même poste également au sein du cabinet de Mirek Topolánek au moment où a éclaté l’affaire Čunek, il déclare respecter le dernier verdict et refuse de le commenter.