Depuis longtemps dans la ligne de mire du ministre de la Justice, la procureur générale Marie Benesova a été limogée
La procureur générale de la République tchèque, Marie Benesova, a été limogée suite à un conflit ouvert avec le ministre de la Justice, Pavel Nemec.
Jeudi, le gouvernement a limogé Marie Benesova. Cette décision a été prise à la demande de Pavel Nemec, avec qui la procureur générale entretenait des relations tumultueuses depuis déjà un certain temps. Nous vous avions parlé sur notre antenne de leur dispute médiatique au sujet d'un citoyen du Qatar accusé d'abus sexuel sur mineures. La procureur s'était alors opposée à l'extradition de ce membre de la famille royale de cet émirat du Golfe, une extradition souhaitée par le ministre. Leurs rapports se sont encore détériorés suite aux accusations publiques formulées par Marie Benesova à l'encontre du porte-parole du ministre, Petr Dimun, à qui elle a reproché d'avoir corrompu un journaliste d'une chaîne de télévision privée pour qu'il réalise un reportage critique envers le Parquet. Des accusations restées qui sont restées sans preuves.
Jeudi, c'est Renata Vesecka, jusqu'ici procureur dans la région de Hradec Kralove, qui a été nommée procureur générale à la place de Marie Benesova. Cette dernière s'est vu proposer d'autres fonctions, comme une place sur une liste aux prochaines élections sénatoriales, mais elle ne semble pas réellement enthousiaste :« Cette histoire de candidature à un siège de sénatrice reste floue. Le poste d'adjointe du ministre de l'Intérieur m'a en revanche été proposée par Frantisek Bublan lui-même il y a quelques heures. Mais je l'ai refusé et je pense qu'il est inutile que l'on ait recourt à ce genre de « trafics », puisque le gouvernement s'est exprimé sur le fait qu'il n'était pas satisfait de mon travail. Je suis quelqu'un de fier ».
Agée de 57 ans, Marie Benesova est connue pour son engagement dans la lutte anti-corruption. Et alors que l'affaire de malversations présumées autour de la privatisation d'Unipetrol prend de l'ampleur, elle n'hésite pas à faire le lien avec sa mise à l'écart :
« Je ne veux pas spéculer et porter des accusations, parce que je ne dispose pas de preuves. Mais cette affaire se rapproche, et ce n'est plus qu'une question de temps ».