Le festival contre les totalitarismes, Mene Tekel, du 23 février au 1er mars à Prague

« Sept jours pour raviver la mémoire et la conscience de la société tchèque » – tel est le leitmotiv du festival contre les totalitarismes, Mene Tekel - expression biblique sur la somme, la pesée et la punition des actes malfaisants. Sa 3e édition s’est ouverte lundi symboliquement sur la place de la Vieille-Ville, là même où Klement Gottwald avait annoncé, le 25 février 1948, le triomphe du communisme en Tchécoslovaquie.

L’hymne des prisonniers politiques qui a inauguré le festival a été chanté par près de deux cents personnes qui ont survécu aux années d’enfermement dans les prisons communistes. Le maire de Prague et les représentants de la Confédération des prisonniers politiques ont souligné dans leurs allocutions que le festival entendait raviver la mémoire pour qu’on n’oublie pas le mal, le quart de millions de personnes emprisonnées et les près de 3 000 personnes envoyées à la mort ou décédées lors d’arrestations, de tentatives de passage des frontières et dans les camps de travaux forcés. Un rappel - les assassinats politiques qui ont commencé en 1949. Les premiers à avoir été exécutés il y a de cela tout juste 60 ans étaient quatre jeunes étudiants tchèques, et c’est à eux qu’un hommage spécial sera rendu par cette édition du festival, observe son directeur, Jan Řeřicha:

L'exposition au Carolinum
« Il serait sans doute intéressant pour le public de venir voir une exposition installée au Carolinum qui propose au total neuf sections différentes dont celle consacrée aux étudiants exécutés. Très intéressante sera aussi la rencontre avec Gustav Bubník, légende du hockey sur glace, champion du monde de 1949, condamné dans un procès monstrueux à 14 ans de prison et de travaux dans le camp de Jáchymov. Pour la victoire au Championnat du monde, le régime a envoyé en prison la majorité des membres de son équipe. »

En plus des expositions, d’un cycle de films documentaires sur l’autoimmolation de Jan Palach et des concerts rock pour ceux qui ne sont plus revenus et ceux qui ont survécu, le festival proposera la reconstitution fictive d’un procès qui se déroulera dans la salle dans laquelle Milada Horáková a été jugée et condamnée à mort. Jan Řeřicha:

« Ce jeudi, le procès d’une paysanne de la famille d’un soi-disant koulak, condamnée en 1955 à trois ans de prison ferme et à une interdiction de séjour dans sa région, sera reconstitué par les étudiants de la Faculté de droit. Le festival culminera, vendredi et samedi, par les Journées internationales consacrées à la Lituanie, à la Croatie et à la Slovénie. On projettera des documents inédits sur les geôles croates pour prisonniers politiques et un documentaire sur un camp de concentration pour enfants en Slovénie, des choses que le monde ne devrait pas oublier. »

Une quarantaine de manifestations sont proposées par le festival contre les totalitarismes, Mene Tekel, qui se poursuit à Prague jusqu’au 1er mars.

www.menetekel.cz