Le flagrant délit de David Rath
Le président du conseil régional de Bohême centrale David Rath a été écroué par la police, dans la soirée de lundi, et placé, mercredi, en détention préventive. L’affaire qui a provoqué une vague de réactions de la classe politique et des médias, éclabousse le Parti social-démocrate que David Rath représente à la Chambre des députés.
Au cours des deux dernières décennies David Rath a provoqué toute une série de scandales mais celui qui vient d’éclater risque de mettre un point final à sa carrière politique. La procédure contre lui a pu démarrer sans délai parce que David Rath a été pris sur le fait ce qui a permis au ministère public de passer outre la loi sur l’immunité parlementaire. La représentante du ministère public régional de Ústí nad Labem Lenka Bradáčová a déclaré le lendemain à la presse :
« David Rath a été interrogé en tant que personne mise en examen pour avoir accepté un pot-de-vin. Dans le cas de M. David Rath, on a trouvé entre ses mains 7 millions de couronnes alors qu’il quittait l’endroit où cet acte criminel avait été commis. »Le président de la région de Bohême centrale a été arrêté dans la rue en possession d’une somme de 7 millions de couronnes (soit 280 000 euros) qu’il portait dans une boîte à chaussure. Il qualifie cependant cette affaire de coup monté pour le discréditer et c’est cette version des faits qui a été présentée aux médias par l’attachée de presse du Conseil régional de Bohême centrale, Berill Mascheková :
« Toute l’affaire donne au président de la région de Bohême centrale l’impression qu’elle est en réalité l’exécution publique d’un homme politique, une exécution bien préparée et réalisée. On lui a offert lors d’une visite une boîte qui devait contenir des bouteilles de vin. Il a été ensuite surpris par un commando de police qui a découvert dans la boîte de l’argent au lieu du vin. Monsieur le président de la région se rend compte que cette histoire peut paraître bizarre et incroyable mais la vie elle-même est parfois incroyable. »Face à cette mise en cause de l’impartialité de la procédure le directeur de la police tchèque Petr Lessy a pris la défense de ses hommes :
« La police de République tchèque doit agir lorsqu’elle apprend qu’un acte criminel a été commis. Elle agit et agira toujours en coopération avec les autres organes de la procédure judiciaire sans se soucier du fait que l’inculpé est un homme politique ou non, qu’il est membre d’un tel ou tel parti. Je rejette donc catégoriquement les propos de ceux qui prétendent que cette affaire pourrait avoir un fond politique. »
Outre David Rath la police a écroué encore sept autres personnes. Selon le serveur Lidovky.cz, ils auraient été impliqués dans plusieurs affaires de fraude relatives à l’utilisation des fonds européens, d’abus des biens sociaux et de trafic d’influence. David Rath qui a été mis en détention préventive risque une peine allant jusqu’à 12 ans de prison. Il envisage de renoncer à toutes ses fonctions politiques pour protéger le Parti social-démocrate contre les retombées de ce scandale. Les leaders du parti ont déjà présenté publiquement leurs excuses et ont promis que les députés sociaux-démocrates voteront dans la Chambre pour la levée de l’immunité parlementaire de David Rath. Le chef de la social-démocratie Bohuslav Sobotka rejette toutes les spéculations sur les liens possibles entre cette affaire et le financement de son parti et cherche déjà à combler le vide laissé par le départ de David Rath :« Nous devons aborder le choix d’un nouveau président de la région de Bohême centrale. Nous serions très contents si c’était de nouveau un membre du Parti social-démocrate qui a gagné les dernières élections régionales. Nous devons entamer aussi une discussion sur le nouveau leader pour les régionales parce que ce qui est arrivé à David Rath le discrédite et ne lui permet pas de présenter sa candidature aux prochaines élections. »La presse, elle, constate que l’affaire révèle une fois de plus à quel point le système politique tchèque est rongé par la corruption. Le journal Mladá fronta Dnes voit cependant aussi un aspect positif de l’affaire. Elle démontre, selon le journal, que la police ne craint plus d’intervenir même contre les hommes placés au sommet de la hiérarchie politique.